À 10 jours de la troisième
session du Comité préparatoire de la Conférence sur le développement
durable Rio+20, les États sont loin d'avoir atteint un accord sur ce qui
devrait être inscrit dans une déclaration ou dans un plan d'action, a
estimé, cet après-midi, M. Jeffrey Huffines, représentant de la société
civile lors d'une conférence de presse, à New York.
M. Huffines, qui
représentait l'organisation non gouvernementale " Civicus ", a fait part
de ses observations sur le dernier cycle informel des négociations sur
le projet de document final de Rio+20, qui se sont tenues du 28 mai au 2
juin, au Siège de l'ONU, à New York.
" À ce stade, les États
Membres ne sont parvenus à un accord que sur 70 paragraphes des 329 qui
composent le projet de document final. Des divergences de vues
subsistent et c'est pourquoi, des efforts soutenus sont nécessaires pour
les surmonter au cours de la dernière session du Comité préparatoire,
la semaine prochaine à Rio, a-t-il insisté.
Ces divergences de vue,
a-t-il précisé, concernent principalement trois nouvelles questions qui
seront abordées lors de la Conférence sur le développement durable, qui
se tiendra à Rio de Janeiro, du 20 au 22 juin. Il s'agit de la notion
d'" économie verte ", de la définition des " Objectifs de développement
durable " et du nouveau cadre à créer, au sein de l'ONU, pour les
futures activités liées au développement durable.
La société civile est, par
ailleurs, particulièrement préoccupée par certaines tentatives de la
part des pays industrialisés de revenir sur des principes sur lesquels
les États Membres se sont mis d'accord, en 1992, à Rio, en particulier
en ce qui concerne l'aide financière aux pays en développement et les
transferts de technologies pour les aider à mettre en oeuvre Action 21.
Il a noté qu'il existait
sur cette question un " manque de confiance " entre le Nord et le Sud
car " la plupart des engagements, qui avaient été pris à cet égard,
n'ont toujours pas été remplis. "
S'agissant des thèmes
centraux de Rio+20, le responsable de " Civicus " a noté que la question
de l'économie verte demeurait délicate. " Un certain nombre de pays
maintiennent une position négative à ce sujet, tandis que d'autres
parlent toujours de " croissance verte ". Or, nous ne devons pas
oublier que l'économie verte est liée au développement durable et à la
lutte contre la pauvreté ", a rappelé M. Huffines.
Une deuxième question,
celle de la création d'un organe pour le développement durable, continue
de diviser les États Membres malgré d'importants progrès, a expliqué le
représentant de " Civicus ". Plusieurs délégations semblent en effet
soutenir la mise en place d'un Forum mondial pour le développement
durable. D'autres s'expriment soit en faveur d'un Conseil pour le
développement durable, soit d'une nouvelle réforme du Conseil économique
et social (ECOSOC).
Enfin, la question du
renforcement du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE)
est aussi très débattue et ses grandes lignes demeurent, jusqu'à
présent, peu claires, a fait remarquer M. Huffines. " Comment renforcer
le PNUE et vers quoi le diriger? " sont deux des questions qui sont
débattues à la table des négociations, a-t-il souligné. Les États-Unis,
a-t-il fait remarquer, s'opposent à la transformation du Programme en
une institution spécialisée du système des Nations Unies.
Face à ces divergences, il
faudrait faire preuve de plus de volonté politique et s'engager à
prendre des mesures concrètes, a insisté le représentant de
" Civicus ". La Conférence Rio+20 représente, a-t-il dit, une occasion
unique pour toutes les négociations afin de parvenir à un accord sur un
ensemble de recommandations, de travailler ensemble et d'achever le
futur que nous voulons.
L'ONG " Civicus " est
l'une des organisations partenaires désignées par les Nations Unies pour
représenter les " grands groupes " de la société civile.
Le programme d'action pour
le développement durable " Action 21 ", adopté lors du Sommet de la
Terre de Rio, en 1992, définit neuf " grands groupes " : les femmes; les
enfants et les jeunes; les populations autochtones; les organisations
non gouvernementales (ONG); les autorités locales; les travailleurs et
les syndicats; les entreprises et l'industrie; la communauté
scientifique et technique; et les agriculteurs.