Le Sénégal a du mal à réussir sa politique de développement durable parce qu'il n'y intègre pas une dimension environnementale, a relevé le professeur Henry Lô de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD), lundi à Dakar.
Une politique de développement
durable ne peut pas connaître de succès si, comme c'est le cas au Sénégal, elle
consiste à une ''superposition d'indicateurs sectoriels'' comme l'économie, le
social et l'environnement, a signalé M. Lô, enseignant à l'Institut des
sciences de l'environnement (ISE) de l'UCAD.
Il animait un panel sur ''le Sénégal face aux enjeux de développement durable'',
à l'occasion de la 21ème Foire internationale de Dakar (FIDAK) ouverte jeudi
pour se poursuivre jusqu'au 12 décembre.
L'''intégration'' de ces trois dimensions ---l'économie, le social et
l'environnement--- est nécessaire dans une politique de développement durable,
selon M. Lô.
Au Sénégal, ''on a une commission nationale du développement durable. Mais,
cette commission vogue de ministère en ministère'', a-t-il par ailleurs
signalé, estimant qu'il faut ''régler cette question d'ancrage institutionnel''.
Il s'agit même d'un ''défi méthodologique'' à relever par les autorités
publiques, selon cet expert.
M. Lô a relevé la ''difficulté à articuler la variable environnementale aux
autres aspects du développement durable''.
''Les stratégies de développement durable, nous avons commencé à les concevoir
au Sénégal dans un contexte de lutte contre la pauvreté'', a-t-il rappelé,
soulignant qu'''une portion congrue était réservée à l'environnement dans le
premier DSRP'', le Document de stratégie de réduction de la pauvreté mis en oeuvre
au début de la décennie 2000-2010.
''Le Sénégal a élaboré une stratégie nationale de développement durable en
2005. Mais, cette stratégie a été mise en oeuvre par défaut. Elle n'a jamais été
validée'', a signalé Henry Lô.
L'universitaire estime que l'Unité de coordination et de suivi de la politique
économique (UCSPE), un service du ministère de l'Economie et des Finances, ''ne
peut pas, à elle seule faire l'évaluation'' de la politique de développement
économique du pays, selon lui. Cette coordination est d'autant plus difficile
pour l'UCSPE que la politique de développement ne comprend pas une dimension
environnementale, a-t-il dit.
''Nous devons rationnaliser les stratégies de développement durable qu'on est
en train de mettre en oeuvre. [...] N'agissons pas en manchots. Nous avons trois
dimensions et pouvons aller vers le développement durable'', a-t-il affirmé,
préconisant ''une mobilisation interne des ressources'' devant financer cette
politique, au lieu de les attendre de l'étranger.
Il estime que cette rationalisation devrait permettre d'éviter de faire du
développement durable un simple vocable à la mode et de ''dépenser beaucoup
d'argent'' inutilement.
APS