Stéphane POUFFARY et Nicolas RICCI, ENERGIES 2050 pour l'IEPF
Le 6 décembre 2012, dans le cadre du sommet Africités Dakar 2012, une session spéciale a été organisée sur le Plan Climat Territorial Intégré ou PCTI de Dakar avec la participation notamment de Pape Ameth KEITA, président de la Commission environnement du Conseil régional de Dakar et de Denis DANGAIX, chef de projet solidarité Nord/Sud de l'Arene île de France, coordinateur du PCTI de la Région de Dakar.
Eléments de contexte - Le PCET en France
Le Plan Climat Energie Territorial (PCET) est un outil qui a été développé en France en 2004 par l'ADEME (l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) dans le cadre de la déclinaison territoriale du Plant Climat National. A l'origine, la démarche était basée sur une démarche volontaire des élus mais les lois françaises Grenelle 1 et 2 les ont rendus obligatoires pour les collectivités de plus de 50 000 habitants et, fin 2012, 500 "territoires" devraient avoir élaboré un PCET.
Le PCET est un projet de développement durable axé sur les changements climatiques à l'échelle d'un territoire et qui est intégré dans les politiques structurantes de ce dernier. Le PCET est un outil de lutte contre le changement climatique. Il a pour objet d'accompagner les territoires dans l'élaboration et la mise en place de stratégies de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (on parle alors d'atténuation) en leur permettant également de mettre en place des politiques et des mesures pour réduire leurs vulnérabilités aux conséquences du changement climatique (on parle alors d'adaptation ou de territoires plus résilient).
Le lien avec l'énergie est explicite car il s'agit de réduire la vulnérabilité des territoires vis-à-vis de la disponibilité des énergies fossiles et de l'augmentation des coûts associés, tout en rendant les territoires attractifs pour les populations et les entreprises, et en promouvant des modes de vies différents, sobres en ressources naturelles et en accord avec les valeurs du développement durable.
L'enjeu est de taille car les villes, bien que ne représentant que 4% de la surface terrestre, abritent une population sans cesse grandissante ( de 50% de la population mondiale en 2008 qui devrait atteindre 60% en 2030 et 75% en 2050 sachant que nous serons alors 10 milliards d'habitants). De ce fait, les villes concentrent une grande partie de l'activité humaine et sont à l'origine d'une pression non négligeable sur l'environnement et les ressources naturelles. A titre d'exemple, elles consomment 60 à 80% de l'énergie mondiale, génèrent 75% des émissions de CO2 et absorbent environ 75% des ressources naturelles.
Même si l'échelle d'un territoire n'est pas fixée, la dimension spatiale minimale est celle de la collectivité, un PCET peut couvrir un ensemble de collectivités.
Dans la stratégie française, l'objectif dit du Facteur 4, correspond à une réduction à l'horizon 2050 des émissions de GES de 75% par rapport à l'année 1990 (qui est également l'année de référence du Protocole de Kyoto ce qui inscrit bien la démarche nationale dans un contexte international en conformité avec les engagements pris par l'Union Européenne).
En pratique, cela revient à demander à chaque territoire de réduire ses émissions de gaz à effet de serre à minima à hauteur de 70%. L'originalité de la démarche du PCET est d'aborder le territoire dans sa transversalité selon une approche systémique en associant l'ensemble des acteurs économiques et sociaux. En effet, une collectivité qui agirait uniquement sur ses domaines de compétences ne pourrait envisager une diminution que de 10 à 20% de ses GES.
Concrètement, les collectivités peuvent agir directement sur leur patrimoine et leurs activités (bâtiments publics, flotte de véhicules, plan de déplacement administration, politique d'achats écoresponsables...) et, de manière indirecte, au travers des compétences dont elles disposent (documents de planification qui concernent l'aménagement du territoire, l'urbanisme, les transports, l'organisation des zones d'activités, l'assainissement,...). Au travers du PCET l'idée est également d'encourager les partenariats afin de démultiplier les moyens d'actions au service d'une stratégie partagée.
De nombreux outils ont été élaborés pour accompagner ces démarches et inviter les collectivités à l'excellence environnementale et énergétique. La phase de diagnostic et la méthodologie de concertation autour d'une organisation volontariste portée par les élus sont des éléments indispensables pour s'assurer du succès de la démarche.
Le PCET s'exporte à l'étranger ... les problématiques étant les mêmes.
Répondant à un réel besoin des territoires et complétée par un dispositif réglementaire national, la méthodologie développée dans le cadre des PCET est devenue une référence même au-delà de la France et elle s'exporte de plus en plus à l'étranger. On citera l'Etat du Rio Grande do Sul au Brésil où l'amélioration de la qualité de l'air a été ajoutée au périmètre initial du PCET - le plan s'appelle Plan Climat Air Energie, PACE- ou encore le Plan Climat Territorial Intégré ou PCTI de Dakar qui s'inscrit dans le cadre de la coopération entre la Région de Dakar et celle d'Ile-de-France.
"Le PCTI est une démarche stratégique pour la région de Dakar. L'objectif est de recenser, renforcer, donner du sens et mettre en synergie des initiatives éparses et sectorielles sur le territoire local pour élaborer un projet et une stratégie de développement partagée au travers d'un large processus de consultation et de concertation". La première année du projet touche à sa fin. La première phase dite de "préfiguration" s'est terminée. Elle a permis d'identifier les acteurs, de faire une première sensibilisation, de mettre en place et réunir un Comité de validation, d'élaborer une feuille de route et, pour finir, de recenser les actions et les documents existants. La deuxième phase consacrée au diagnostic, à la mobilisation et au partage vient de commencer. L'objectif est d'élaborer le "profil climat" de la Région de Dakar et de lancer la démarche auprès des acteurs. Pour ce faire deux études vont être réalisées (quantification des émissions de GES et étude de la vulnérabilité du territoire). La 3ème phase sera consacrée à la construction du PCTI et à l'élaboration d'un portefeuille d'actions avec l'étude du plan de financement.
Stéphane POUFFARY et Nicolas RICCI, ENERGIES 2050, de retour de Dakar