Le Directeur général de l'Organisation internationale du Travail (OIT), Guy Ryder, a plaidé pour des "politiques sociales intelligentes" en faveur de la reprise économique mondiale qui est en jeu.
"Pour faire pencher la balance du côté de la croissance et du développement durables, il faut s'attaquer à l'injustice sociale", a-t-il rappelé dans une déclaration à l'occasion de la Journée mondiale de la justice sociale.
Selon M. Ryder, "le monde du travail est actuellement au centre des mécontentements; il doit participer pleinement à l'établissement d'un ordre mondial différent, plus juste, pour l'avenir".
M. Ryder a illustré son propos en se référant à la situation mondiale désastreuse du monde du travail: 200 millions de chômeurs, plus 870 millions de travailleurs pauvres, environ 74 millions de jeunes sans emploi, la persistance du travail des enfants et du travail forcé, et plus de la moitié de la population mondiale privée de toute forme de sécurité sociale.
"Avec le plein emploi, l'économie mondialisée et interdépendante serait beaucoup plus performante", a-t-il ajouté.
"Pourtant, en l'état actuel des choses, le danger est grand de recourir à des politiques protectionnistes telles que la protection commerciale et la dévaluation compétitive des monnaies, ainsi qu'à des coupes salariales et des mesures de rigueur."
Ces tendances pourraient "aggraver la situation de chacun, en affaiblissant les économies, en creusant les déficits et en amplifiant les inégalités sociales", a-t-il souligné.
Le Directeur général de l'OIT a toutefois fait valoir quelques signes encourageants.
"Certaines des sociétés les plus inégalitaires au monde relèvent le défi de l'instauration de politiques sociales intelligentes qui constituent aussi un investissement dans une reprise centrée sur la population."
Il a mentionné des pays en développement en Asie et en Amérique latine qui investissaient dans des socles de protection sociale et des systèmes de salaire minimum. Ces politiques pourraient contribuer à réduire les inégalités sociales et à empêcher l'économie mondiale de glisser vers une nouvelle récession.
Enfin, le Directeur général de l'OIT a plaidé pour "un effort concerté de grande ampleur, notamment des plus grands et des plus forts, pour redonner du pouvoir d'achat à ceux qui en ont le plus besoin et faire ainsi redémarrer les moteurs de l'investissement et de la reprise".
"Intensifier la lutte mondiale en faveur de la justice sociale, c'est la meilleure chose à faire parce qu'il en va aussi de notre intérêt commun", a-t-il conclu.