Par Connie Hedegaard, Commissaire à l'Action pour le climat, Commission européenne
L'Europe commence lentement à sortir de la plus grave crise économique et financière des dernières décennies. C'est bon signe, mais nous devons nous préparer à une reprise peu dynamique. D'une part à cause de la dette souveraine, qui pèse encore sur la plupart des États membres de l'Union, mais aussi à cause d'une autre dette : celle issue de notre incapacité à mener les réformes à temps. Nul doute que celles-ci soient considérables. On est donc tenté, à tort, de vouloir les mener dans l'ordre suivant : d'abord résoudre la crise financière et économique, puis la crise sociale, et peut-être plus tard seulement les crises environnementale et climatique. Les problèmes climatiques ne nous attendront pas. Nous ne pouvons pas nous permettre d'accumuler cette nouvelle dette pendant que nous remboursons celles déjà accumulées. Nous devons penser au-delà du court terme.
La nature change à un rythme alarmant. Les catastrophes naturelles autrefois exceptionnelles deviennent la norme, et chaque année apporte son lot de nouveaux records météorologiques dans le monde entier. En 2012, le Royaume-Uni a connu son été le plus pluvieux depuis 100 ans, et l'Inde, la Chine et les États-Unis leurs pires sécheresses depuis des décennies. Les dégâts causés par l'ouragan Sandy, l'un des plus dévastateurs de l'Atlantique, sont estimés à 50 milliards de dollars.
Est-ce une coïncidence si tant de phénomènes climatiques extrêmes semblent confirmer les prévisions des chercheurs sur les conséquences du réchauffement planétaire ? Nous n'allons tout de même pas attendre d'autres crues torrentielles, tempêtes et sécheresses dévastatrices pour admettre que le temps presse. Un report des mesures d'intervention ne fera qu'alourdir les coûts économique, environnemental et social.
Les décideurs doivent le comprendre dès maintenant si nous voulons bâtir un modèle de croissance plus durable, articulé autour des principes d'efficacité d'utilisation des ressources et de développement à faible émission en carbone. Ce modèle est essentiel pour empêcher le changement climatique d'atteindre des proportions dangereuses ; il constitue également une formidable occasion de donner un coup de fouet à la croissance économique et de nous sortir des crises actuelles...
Source : OCDE
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