Faire participer les populations locales peut être un moyen fiable et peu coûteux pour identifier les habitats des espèces préoccupantes des forêts tropicales, a relevé une étude.
Un article, écrit par des scientifiques travaillant avec le Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) et récemment publié dans la revue Environmental Management, a conclu que les populations locales peuvent aider à approfondir les connaissances dans de grands domaines, aidant ainsi à améliorer la gestion de la conservation.
Puisque les gestionnaires de conservation ne peuvent pas contrôler et protéger toutes les espèces des forêts tropicales, ils ont besoin d'informations fiables sur les espèces d'importance afin de fixer les priorités, selon l'étude.
Néanmoins, dans la majeure partie des tropiques ces données sont absentes, incomplètes ou peu fiables. Les études sur la biodiversité ont en outre un coût prohibitif en termes d'expertise, de temps et d'argent. En conséquence, l'étude s'est intéressée aux approches alternatives qui utilisent mieux les connaissances locales.
L'étude de six semaines a été menée dans le district de Malinau dans la province de Kalimantan Est en Indonésie entre 2007 et 2008. Elle a impliqué 52 informateurs dans sept villages et a coûté environ 5 000 dollars. Des études comparables, faisant seulement recours à des scientifiques, auraient coûté environ 150 000 à 400 000 dollars, selon l'étude.
L'étude faisait partie d'un trio de projets de recherche à Malinau, réalisé entre 2007 et 2008. Les chercheurs du CIFOR travaillent dans la région depuis le début des années 1990. Deux études antérieures, déjà publiées, ont exploré l'évolution du rôle que joue la forêt pour les communautés locales ; ainsi que la façon dont les peuples, dépendants de la forêt, font face aux crises, telles que l'inondation importante qui a emporté de nombreuses habitations et cultures en 2006.
Ces études, tout comme d'autres études antérieures dans la même zone, ont révélé une biodiversité extraordinairement riche, avec des populations locales qui possèdent une connaissance approfondie des ressources naturelles, comprenant des milliers d'espèces végétales et animales. Toutefois, jusqu'à récemment cette connaissance a été largement ignorée.
"Avant l'ère de la décentralisation, toute décision concernant les forêts était prise par les décideurs dans un bureau et négligeait souvent les populations locales", déclare Michael Padmanaba, un scientifique au Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) et principal auteur de l'étude.
En 1999, le gouvernement indonésien a adopté une politique de décentralisation visant à donner du pouvoir aux gouvernements provinciaux et locaux, explique M. Padmanaba. Il ajoute que ce processus a également ouvert la porte à une plus grande implication des populations locales dans le processus de prise de décision.
L'utilisation des savoirs locaux devient progressivement plus fréquente, dit-il. Cette étude est particulièrement pertinente pour les gestionnaires et autres décideurs, ajoute-t-il, car elle montre comment les connaissances des populations autochtones peuvent fournir, de façon peu coûteuse, des données nécessaires d'urgence.
"Si nous attendons des enquêtes approfondies dirigées par des experts, de nombreuses forêts seront dégradées ou perdues avant que leurs valeurs de conservation aient été, ne serait-ce que partiellement, évaluées", dit-il. "La participation et les connaissances locales facilitent les études efficaces et à faible coût de l'état de conservation. Nous recommandons que les gestionnaires de la conservation fassent un meilleur usage de ces collaborations potentielles."
Source : CIFOR
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