En Papouasie-Nouvelle-Guinée, plus de 1 000 variétés de patates douces sont cultivées par de très petits producteurs. Une situation paradoxale pour cette plante à multiplication végétative, importée d’Amérique latine. D’où provient cette remarquable diversité et comment les producteurs l’utilisent-ils ? Les chercheurs du Cirad et du Cefe viennent de montrer que la plupart de ces variétés ont été sélectionnées localement à partir de plants issus de recombinaisons par voie sexuée, apparus spontanément dans les parcelles. Un processus dynamique qui permet aux producteurs de s’adapter au changement et constitue un atout pour l’avenir.
La grande île de la Nouvelle-Guinée, qui correspond à la province indonésienne d’Irian Jaya et à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, est le deuxième centre de diversité génétique de la patate douce (Ipomoea batatas), une plante à tubercule originaire de l’Amérique latine.
Cette culture vivrière de base, dont la consommation peut atteindre trois kilos par jour et par personne chez certaines communautés isolées, présente un cycle court et de forts rendements, de 20 à 40 tonnes par hectare en 4 mois. Elle a colonisé les vallées d’altitude, peu propices aux plantes à racines et tubercules des basses terres comme l’igname et le taro, offrant ainsi aux populations la possibilité de s’installer dans un environnement frais, exempt de paludisme.
Une diversité exceptionnelle pour une plante à multiplication végétative
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, plus de 1 000 variétés sont cultivées par de très petits producteurs, qui ne bénéficient pas d’une filière semencière pour cette plante à multiplication végétative.
Cette situation, pour le moins paradoxale, suscite plusieurs questions. D’où viennent les patates douces de Nouvelle-Guinée ? Sont-elles des camote, ces introductions effectuées par les Espagnols dans les comptoirs commerciaux du Pacifique, surtout des Philippines, aux XVIe et XVIIe siècles ? Ou des batatas, des introductions réalisées par les Portugais dans les comptoirs d’Indonésie à la même époque ? Ou encore des kumara, que les Polynésiens ont introduits depuis le Pérou à l’époque préhistorique ? Comment se fait-il qu’il existe autant de variétés différentes chez une plante à multiplication asexuée, donc toujours plantée à l’aide de boutures, et pour laquelle il n’existe pas de programme d’amélioration génétique et de création variétale ? D’où provient la remarquable diversité observée au champ et comment est-elle manipulée ?
Source : Cirad
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