Le Gret a accompagné ces six derniers mois la commune de Saint-Laurent du Maroni, à l’ouest de la Guyane, dans un exercice de prospective stratégique à horizon 2030. Alors que cette commune connaît une croissance démographique exceptionnelle, comme on n’en constate plus qu’au Niger ou en Angola, il s’agissait de penser l’avenir de la ville en matière de développement urbain, économique et social.
La Guyane fait face à une croissance démographique exceptionnellement élevée, et à des défis économiques et sociaux majeurs. A l’ouest de la Guyane, Saint-Laurent du Maroni compte 40 000 habitants. Avec un taux de croissance démographique moyen de 4,3 % par an (contre 2,7 % pour le département), elle devrait atteindre 135 000 habitants d’ici 2030, soit plus de 30 % de la population guyanaise. Elle est confrontée à une paupérisation de sa population et à une absence de développement endogène (seuls 29 % des habitants ont un emploi en 2010 contre 43,5 % en Guyane).
Le retard et l’inadéquation qualitative des logements, des équipements notamment scolaires, des infrastructures et réseaux, entraînent une dégradation généralisée du cadre de vie : habitat spontané, insalubrité, pollution de l’eau, mitage des espaces agricoles et naturels. L’économie est prédominée par la fonction publique, qui concerne deux emplois sur trois, et par un secteur informel dynamique qui concurrence l’économie formelle et pèse sur les ressources fiscales de la ville et du département. A horizon 2030, les besoins sont considérables : 1 200 à 1 800 hectares à aménager et 26 500 nouveaux logements, dont les deux tiers sociaux ou très sociaux, nécessitant une contribution de l’Etat de près de 940 millions d’euros. Pour les équipements scolaires, 1 170 nouveaux élèves devront être accueillis chaque année entre 2010 et 2020 et 2 620 nouveaux élèves par an sur la décennie suivante. La commune devrait investir 316 millions d’euros d’ici 2030 dans les écoles primaires, et la future collectivité unique 349 millions dans les futurs collèges et lycées. Enfin, en termes de développement économique, 20 000 nouvelles entreprises devraient être créées, dont 90 % en auto-emploi d’ici 2030 si la ville veut atteindre le taux d’emploi actuel de la Guyane.
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