Il y a moins de deux ans, le 20 décembre 2013, l’ONU décidait de proclamer la journée du 3 mars (date de l’adoption de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, dite CITES), « Journée mondiale de la vie sauvage ». Objectif : célébrer les richesses, tant de la faune que de la flore, de notre planète et sensibiliser le grand public à cette cause. Dans la foulée de cette Convention, était organisée, les 12 et 13 février 2014 à Londres, la Conférence sur le commerce illégal d’espèces sauvages, à laquelle participaient plus de 60 pays et organisations internationales.
Déclaration de Marrakech
Bien consciente de la nécessité, voire de l’urgence, de préserver les richesses et la biodiversité propres au continent africain, La Banque africaine de développement n’a pas attendu l’ONU ni la Conférence de Londres pour s’engager dans ce combat.
Dès le mois de mai 2013, la Banque lançait à Marrakech, en marge de ses assemblées annuelles et en partenariat avec le Fonds mondial pour la nature (WWF), un appel international à « lutter contre le trafic illicite d’espèces de faune et de flore sauvages ». La Conférence de Londres s’est, en quelque sorte, appuyée sur cette Déclaration de Marrakech de la BAD et du WWF, qui prend la forme d’un plan d’action en 10 points.
Les chiffres du crime
Le trafic mondial d'espèces de faune et de flore sauvages représenterait 19 milliards de dollars EU par an, selon les chiffres de WWF. Et l’Afrique est l’une des cibles principales des braconniers et autres prédateurs s’adonnant au commerce illégal de faune et de flore sauvages.
Premières victimes : les éléphants, chassés pour leur ivoire, et les rhinocéros, pour leur corne. On comptait 1,2 million d’éléphants sur le continent en 1980. Ils ne seraient plus que 500 000 aujourd’hui. 100 000 éléphants ont été tués en Afrique, rien qu’entre 2010 et 2012 – le Gabon, le Kenya, le Niger et la Zambie sont les plus affectés par ce trafic. Plus cher que l’or, l’ivoire a vu son prix au kilo quasi tripler entre 2010 et 2014, dopé par la demandez en forte hausse en Asie. La corne de rhinocéros, elle, se négocie jusqu’à 50 000 euros, selon l’organisation internationale WWF. L’année 2014 a marqué un triste record en Afrique du Sud, qui abrite plus de 90 % des rhinocéros encore en liberté dans le monde : 1 020 rhinocéros y ont été tués pour leur corne, entre janvier et la fin novembre 2014.
À ce rythme et si rien n’est fait, le continent pourrait voir ses espèces protégées disparaître d’ici la fin du siècle. Sans compter que braconnage et commerce illicite alimentent les réseaux criminels : trafic d’armes, de drogue…, et financent conflits et organisations terroristes.
Le braconnage menace le développement et les plus vulnérables
A Marrakech, le président de la BAD avait déjà souligné l’urgence d’agir et la gravité des crimes que constituent le braconnage et le pillage illégaux des ressources naturelles du continent : « nos peuples, nos ressources naturelles et notre développement économique même sont en danger. »
A Londres, dans son discours prononcé à la tribune de la Conférence sur le commerce illégal d’espèces sauvages, le 12 février 2013, Donald Kaberuka avait renchéri : « Le trafic illicite de la faune sape les fondements de notre développement, ses ressources naturelles ».
Il y a donc urgence. Urgence à agir et à se mobiliser pour préserver la biodiversité de l’Afrique.
Aussi la BAD appelle-t-elle gouvernements, organisations et citoyens, à se mobiliser d’urgence dans cette lutte en faveur de la biodiversité de l’Afrique. « J’appelle tous les dirigeants en Afrique et partout ailleurs à investir dans l’avenir de notre région, par tous les moyens possibles, pour renforcer l’application des lois et la justice pénale face à ces crimes », avait exhorté Donald Kaberuka à Marrakech. Le président de la BAD n’a de cesse de souligner combien ce combat, au-delà des gouvernements, des institutions et des associations, concerne l’ensemble des Africains.
A la fin de la Déclaration de Marrakech, il est dit ceci : « L’inaction aura des conséquences dépassant les simples problèmes environnementaux. Elle exacerbera l’insécurité et les conflits. Elle sapera le développement et menacera les moyens de subsistance des populations parmi les plus vulnérables d’Afrique. »
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