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Smart grids : vers un consensus écologique mondial ?


En début de mois, on apprenait que la société d’ingénierie ABB développait des microgrids hybrides pour certaines communes australiennes, afin de favoriser sur place l’utilisation d’une énergie propre en ayant recours au solaire. Alors que dans deux mois aura lieu la COP 21, des projets similaires fleurissent à travers le monde, faisant des réseaux intelligents une réponse unanime de la communauté internationale face à l’urgence environnementale actuelle.

Un problème mondial

En novembre prochain, Paris accueillera la 21ème conférence des Nations Unies sur les changements climatiques et avec elle, c’est tout le gratin de la vie politique mondiale qui est attendu mais pas que. Les acteurs français et internationaux du secteur énergétique, industriel et technologique devraient également répondre présents.

Si des groupes tels qu’ERDF, Alstom ou Schneider Electric marqueront à coups sûrs cet événement avec des révélations sur leurs futurs projets pour améliorer le bilan énergétique de la planète, quelques géants du numériques, comme Nest ou Facebook, devraient également prendre part aux débats, à l’affût des nouveaux marchés que « la révolution verte » pourra créer.

Aujourd’hui, les dérives climatiques sont devenues une cause mondiale. Elles concernent chaque pays, chaque citoyen. Le défi que se lance la COP 21 est de parvenir à un consensus international permettant de limiter le dérèglement climatique à 2°C d’ici à la fin du siècle par rapport à la période pré-industrielle. Un accord qui n’avait pas pu être trouvé lors des précédentes éditions de cette conférence et qui s’impose désormais pour ce prochain sommet, considéré comme l’étape de la « dernière chance ».

Convenir d’une politique énergétique à l’échelle mondiale semble être la meilleure issue pour que la communauté internationale puisse pouvoir répondre aux nombreuses questions énergétiques ou environnementales qui agitent le quotidien de notre planète. Pour être efficaces, les réflexions énergétiques ont en effet tout à gagner à être envisagées sous un prisme plus large et à s’inscrire dans une dynamique  mondiale.

Pourtant, il est difficile pour les nations du monde de dépasser le stade de déclarations lorsqu’il s’agit de passer à l’action et de faire converger l’urgence que représentent les enjeux écologiques planétaires vers une stratégie globale commune. L’écologie au cas par cas, limitée aux frontières des politiques gouvernementales de tel ou tel pays a montré par le passé ses limites et ne peut avoir une place à la table des prochaines négociations.

Un modèle précis semble cependant rassembler les critères idéologiques et techniques propres au lancement d’une véritable révolution verte et de l’apparition d’un nouveau modèle énergétique mondial, celui des smart grids. Un nouveau système de réseaux électriques, dits intelligents, se développe depuis quelques années à travers le monde, apportant avec lui une réponse concrète aux problématiques de production et de gestion de l’énergie.

Smart grids : la clé d’un consensus ?

Il ne se passe pas un jour sans que la presse se fasse l’écho d’une nouvelle initiative en matière de smart grids. Loin d’être l’apanage d’un seul pays, le recours à ces réseaux intelligents, interconnectés, intégrés à un système digitalisé permet d’avoir accès à une quantité astronomique d’informations, aussi bien au niveau du gestionnaire de réseau de distribution, qu’au niveau des entreprises ou des particuliers. Un appareillage savant, porté par le progrès technologique, qui va nous donner la possibilité d’approfondir les connaissances de nos besoins énergétiques et de nos habitudes de consommation, afin de mieux gérer la production et l’utilisation de nos ressources énergétiques.

Ce scénario semble, si ce n’est faire l’unanimité, au moins être envisagé par de nombreux pays puisqu’ils sont nombreux à adopter le process « smart grids » pour asseoir une politique environnementale responsable. C’est le cas notamment de la Chine qui vient tout juste de débloquer une enveloppe de 315 milliards de dollars pour améliorer son programme « smart grids » d’ici à 2020. Le plan de développement de ces infrastructures prévoit de privilégier le recours à l’hydroélectricité, à l’éolien et au solaire.

L’Afrique est également une région du monde qui se distingue de plus en plus en termes d’initiatives eco-friendly. Bien que le continent pâtisse toujours d’un faible taux de raccordement causant une certaine précarité énergétique, certains pays n’hésitent pas à mener des politiques environnementales audacieuses allant parfois jusqu’à passer pour des précurseurs, notamment lorsqu’il s’agit de favoriser la pousse de microgrids. Ces réseaux à petite échelle optimisent la distribution d’énergie en rapprochant les centres de production des consommateurs. L’Ouganda, le Maroc ou le Rwanda se sont déjà lancés dans l’aventure.

La Côte d’Ivoire mise également sur les réseaux intelligents pour augmenter sa production d’électricité dans les cinq prochaines années. « Notre objectif est d’accroître la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à travers la mise en valeur de notre potentiel en biomasse, en petite hydroélectricité, en énergie solaire », déclarait l’année dernière le ministre du pétrole et de l’énergie ivoirien, Adama Toungara, lors du premier forum africain « Africa Smart Grids forum 2014.

Même l’Inde, qui fait partie des pays les plus pollueurs de la planète et qui a régulièrement brillé par son manque de volontarisme pour améliorer son bilan énergétique, se met à considérer le modèle « smart grids » avec attention et à dessiner un plan d’actions. D’ici à 2027, une série de mesures aura la lourde tâche de « transformer le secteur électrique indien dans un écosystème sécurisé, adaptable, durable et un écosystème digital viable » qui fournira « une énergie fiable et de qualité pour tous avec la participation active des parties prenantes. »

La France, avec son projet de loi sur la transition énergétique et la mise en service très bientôt des nouveaux compteurs électriques Linky, n’est pas en reste. Elle souhaite même montrer l’exemple. Avec un mix énergétique qui fait la part belle aux énergies renouvelables et qui réduit sa dépendance au nucléaire, l’Hexagone tend à déployer des infrastructures permettant d’honorer ses ambitions. Les smart grids devraient être le principal vecteur de réussite du futur modèle énergétique décidé par le gouvernement Hollande.

Les Etats-Unis, le Canada, l’Amérique du Sud, etc. La liste des pays intéressées par les smart grids est longue. Cette multiplication des projets, qu’ils relèvent de l’expérimentation ou d’un développement plus affirmé, témoigne d’une prise de conscience mondiale de ce vers quoi notre société doit aller si elle veut pouvoir préserver la planète. De nombreux spécialistes estiment qu’il suffirait que l’Homme récupère seulement 10 % de l’énergie envoyée sur Terre par le soleil pour combler l’ensemble de ses besoins. Une option qui semble enfin faire consensus.

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