En 2015, la France a vu son secteur éolien s’envoler et franchir le cap des 10 000 mégawatts (MW) de capacités installées. Une progression qui place désormais le pays à la 4ème place des producteurs européens. Si l’éolien se développe à travers le monde à grande vitesse, la France fait preuve d’une expertise qui fait référence à l’international.
La COP21 joue les places de marché
La Conférence des Parties pour le changement climatique a réuni des dizaines de milliers de personnes à Paris. Personnalités politiques, représentants de la société civile, ONG, entreprises privées, ce parterre a réfléchi pendant deux semaines à l’avenir de notre planète. Si l’objectif de la COP21 était de parvenir à un accord contraignant qui donnera les moyens à notre société de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle, c’était également l’occasion pour les participants de faire des affaires.
Quelque part dans les couloirs du Bourget, la société française InnoVent a ainsi décroché un contrat très important qui vise à électrifier la Namibie, rien que ça. Il s’agirait même du plus gros contrat signé durant la COP21. L’entreprise, située dans le Nord-Pas-de-Calais, aura pour mission d’équiper ce pays d’Afrique d’un parc éolien de 500 MW, une capacité qui permettra de couvrir 40 % des besoins de la Namibie. « Plus de 8 700 hectares viennent de nous être alloués près de Luderitz, sur la côte Atlantique, dans une des zones les plus venteuses d’Afrique et du monde. Si tout se passe bien, les travaux devraient démarrer en 2016 pour une livraison de la première tranche de 150 MW dès l’année suivante.» s’enthousiasme Thomas Verhaeghe, fils du fondateur d’InnoVent.
Le projet sera élaboré en partenariat avec le groupe chinois CGN et EDF, ce qui marque une nouvelle collaboration pour les deux géants de l’énergie. Ces derniers travaillent actuellement ensemble sur la construction des EPR d’Hinkley Point, en Angleterre. L’apparition de l’électricien français aux côtés d’InnoVent pour la mise en place du parc éolien namibien confirme également l’essor international des activités d’EDF dans le secteur des énergies renouvelables et plus particulièrement dans celui de l’éolien.
EDF à l’assaut de l’éolien
Le groupe énergétique français présentait il y a quelques mois son plan stratégique, baptisé CAP 2030, dans lequel il planifie de doubler son parc d’énergies renouvelables durant les quinze prochaines années. Si le solaire est privilégié par EDF, le groupe devrait également miser sur le développement de l’énergie éolienne. Pour ce faire, EDF peut déjà surfer sur une croissance de ses capacités encourageante.
EDF Energies Nouvelles, la filiale d’EDF orientée EnR, a annoncé le mois dernier avoir franchi la barre des 1 gigawatt de capacités installées dans l’éolien en France. Un succès qui s’exporte puisque la société doit prochainement démarrer la construction d’installations éoliennes au Brésil. 117 MW de capacités installées pour un projet qui devrait s’achever en 2018.
Le Québec s’est également laissé séduire par le savoir-faire hexagonal. EDF va en effet installer dans la Belle Province le plus grand parc éolien du monde, d’une capacité de 350 MW. C’est la deuxième fois qu’EDF prend part à un projet dans le secteur éolien au Québec.
Cette multiplication des fermes éoliennes, en France ou à l’étranger, témoigne d’un véritable engouement international pour les nouveaux modes de production d’énergies vertes. Si EDF est garant d’une expertise nationale qui franchit aujourd’hui très bien les frontières, d’autres pays n’hésitent pas à solliciter des acteurs locaux pour convertir leur mix énergétique aux avantages des éoliennes.
Doucement mais sûrement, le secteur progresse
A l’heure où la communauté internationale se concerte pour contrer les dérives climatiques, des fermes éoliennes apparaissent un peu partout dans le monde, comme une réponse intelligente aux défis environnementaux actuels. Aujourd’hui en France, l’éolien représente 4 % de l’électricité produite. Le gouvernement a la volonté de doubler son parc d’ici cinq ans. A l’échelle mondiale, la production éolienne couvre 2,5 % de la consommation totale d’électricité. Cela peut sembler faible au premier abord mais l’éolien est l’énergie qui se développe le plus rapidement et ce, dans tous les pays du monde avec une croissance moyenne de 26 % par an au cours des dix dernières années.
Une croissance portée par la multiplication des installations à travers le monde. Pour honorer leurs ambitions en termes de développement d’EnR, les Etats-Unis n’hésitent pas à miser sur l’éolien. Doté d’une capacité de 66 gigawatts, le parc éolien américain est en mesure d’alimenter près de 18 millions de foyers et couvre 5 % de la demande totale d’électricité.
L’Allemagne, qui planifie un modèle énergétique basé majoritairement sur les énergies propres à l’horizon 2050, a aussi décidé de faire monter en puissance son secteur éolien. De janvier à fin septembre 2015, le pays a produit plus d’énergie éolienne que sur l’ensemble de l’année précédente, soit 59 TWh contre 57,4 TWh.
Des pays comme l’Éthiopie font également le choix de l’éolien pour répondre à leurs besoins énergétiques, exploitant ainsi leur potentiel en termes de développement des énergies renouvelables. L’Éthiopie manque en effet de beaucoup de choses mais pas de vent. C’est ainsi qu’un parc de 84 éoliennes, mises en place par des entreprises françaises, permet désormais à un million de foyers de bénéficier de l’électricité. Une véritable avancée quand on sait que moins de 3 % de la population éthiopienne est raccordée au réseau national d’électricité.
Durant la COP21, les énergies renouvelables étaient sur toutes les lèvres. La Conférence a également remis en avant un clivage historique Nord-Sud. Les pays du Nord, responsables du réchauffement climatique ont aujourd’hui le devoir de prendre leur responsabilité face aux pays du Sud, principales victimes des conséquences environnementales. Comme en Ethiopie, il s’agira d’aider les pays émergents à surmonter la crise écologique en favorisant le développement des énergies propres. Une mission dans laquelle l’éolien a toute sa place.