A l'initiative l'Ong Forêts et développement rural (Foder), il s'est tenue le 11 décembre 2015 à Yaoundé, une conférence sur la gestion des forêts en Afrique avec la participation de plusieurs ONG africaines. Le constat qui s'est dégagé de cette conférence est que la corruption gangrène encore énormément le secteur de la gestion forestière en Afrique. Pour le coordinateur du Centre pour l'éducation et l'appui aux initiatives de développement, Victor Amougou, les principaux problèmes que rencontrent les forêts africaines et celles du Cameroun sont l'exploitation illégale du bois, la corruption, l'absence de suivi régulier et d'un bon plan de gestion.
S'agissant plus spécifiquement de la corruption, les ONG dénoncent la délivrance abusive des permis d'exploitation forestière, le favoritisme, la fraude, la faiblesse du cadre juridique, l'inapplication des textes et le sous-effectif des agents forestiers. En République du Congo, le secteur de l'exploitation forestière est le 4ème secteur le plus corrompu du pays. D'après Jean Marie Nkanda, responsable de la plateforme Réseau des ressources naturelles, en République Démocratique du Congo, il n'existe pas de chiffres exacts sur la quantité de bois exploité, parce que ces chiffres varient d'une institution à une autre.
En République Centrafricaine, la guerre a également contribué à la délivrance abusive des permis d'exploitation forestière. Le même phénomène s'était déjà produit en Côte d'Ivoire pendant les années de guerre civile. La superficie de la forêt ivoirienne est passée de 16 millions d'hectares en 1960 à 2 millions d'hectares aujourd'hui. "Près de 400 000m3 de bois sont exploités chaque année. Pendant la crise et durant cinq ans, 186 milliards de Fcfa de perte ont été enregistrées suite aux fraudes dans la filière bois", révèle Youssous Doumbia de l'Observatoire ivoirienne des ressources naturelles (Oi-Ren).
Au Cameroun, le pays perd entre 12 et 15 milliards de Fcfa de recettes forestières chaque année du fait de la corruption et de l'exploitation illégale des forêts, rapporte Victor Amougou du Centre pour l'éducation et l'appui aux initiatives de développement. Il indique par ailleurs que les ONG camerounaises et la société civile ont pris certaines mesures en développant des stratégies pour lutter contre l'exploitation illégale du bois. Des stratégies qui vont de l'information à la dénonciation en passant par la mobilisation des différents acteurs que sont les communautés villageoises, les acteurs gouvernementaux et de la société civile, les partenaires au développement et les organisations internationales. Ceci grâce aux données collectées et diffusées sur le phénomène.