Placée sous le thème : «Préservons la culture et abandonnons les pratiques traditionnelles néfastes», la campagne entreprise par le Chantier d’Appui, de Loisirs et de Bricolage des Lapinos (CALBRIL) que préside Cécile Manzoua, en collaboration avec Happy Home For All (HAHFA) conduit par Bertrand Ndjate, du 21 au 24 décembre 2015, dans les localités d’Eyumodjock et d’Upper-Bayang, département de la Manyu (région du Sud-Ouest), vise à combattre des mutilations génitales féminines (MGF), et précisément l’excision de jeunes filles, pour des considérations purement socioculturelles.
C’est à travers le projet soutenu par le Fonds canadien d’initiatives locales (FCI) que des activités axées sur la formation ; le renforcement de capacités des autorités, des animatrices communautaires, des médiatrices communautaires ; la rencontre avec des femmes et filles excisées, des exciseuses et ex-exciseuses ont été menés dans ces deux localités par une équipe composée de divers experts. Avec notamment, un psychologue-clinicien, un anthropologue, et des cadres des ministères des Affaires sociales (MINAS) et de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF).
Les MGF étant considérées comme une violation manifeste des droits humains, notamment le droit à la vie, à l’intégrité physique, de jouir de la meilleure santé possible, ainsi que le droit d’être à l’abri de toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, CALBRIL et HAHFA ont, à travers cette descente sur le terrain, informé des populations rencontrées sur les droits humains et leurs responsabilités.
L’objectif final étant de faire prendre conscience aux communautés les conséquences néfastes du phénomène des MGF dans la société et y renoncer.
Et pour amener ces femmes qui ont fait de cette pratique contre-nature une source de revenus à y renoncer, et de manière définitive, les deux associations ont, de commun accord, initié un microprojet en leur faveur : l’élevage de la volaille. Ainsi, des poussins ont-ils été gratifiés à ces ‘’professionnelles’’, visiblement disposées à changer d’activités.
En termes de conséquences, le psychologue-clinicien de CALBRIL, Yves Zambo martèle : «L’excision est une pratique qui présente des conséquences psychologiques néfastes. Car, une fille excisée cesse d’être une bonne épouse, et partant une bonne mère. C’est une personne diminuée, parce qu’habitée par le complexe d’infériorité…».
Pour éradiquer durablement le phénomène, Mme Manzoua entend mobiliser «des caravanes motorisées, pour une grande opération de sensibilisation des populations de cette partie du Cameroun», où la pratique avilissante a encore pignon sur rue.
En rappel, les MGF (ou circoncisions féminines) sont une pratique qui consiste à altérer ou léser les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales. Elles sont reconnues au niveau international comme une violation des droits de la personne. D’après les données disponibles, plus de 140 millions de femmes et de filles ont subi des MGF. Et si cette tendance perdure, environ 86 millions y seront soumises d’ici 2030.