L'annonce a fait grand bruit dans la capitale burkinabé. Plus de 45 000 ânes abattus en six mois et les carcasses jetées dans la nature, il n'en fallait pas plus pour provoquer l'ire des populations de Balolé, fatiguée de supporter des odeurs nauséabondes.
Le lundi 11 juillet, les habitants de Balolé, dans le centre du Burkina Faso, ne se sont pas fait prier pour saccagerl'abattoir d’ânes. Ils dénoncent un abattage massif de cet animal, essentiel pour l’agriculture locale, mais dont la peau est de plus en plus prisée en Asie, et fait désormais l’objet d’un commerce juteux qui s’appuie fortement sur des importations d’Afrique.
Un établissement spécialisé dans l’abattage d’ânes est devenu la cible des habitants de Balolé début juillet. L’abattoir faisait polémique depuis plusieurs jours car de très nombreuses carcasses d’ânes en putréfaction y avaient été retrouvées par des habitants du village, alertés par une odeur nauséabonde. Des journalistes burkinabè de la radioWat FM, qui avaient pu se rendre sur place, avaient constaté que des centaines de cadavres d’ânes dépecés étaient entassés dans la cour de l’abattoir.
La tension est montée d’un cran lorsque deux journalistes burkinabè, en reportage, ont été séquestrés pendant une heure le 11 juillet dernier par des employés de l’abattoir, qui estimaient qu’ils étaient rentrés sans autorisation dans l’enceinte. Après leur libération, en guise de représailles, des habitants de Balolé ont saccagé l’abattoir.
"Ce business de peau d’ânes est en train de tuer petit à petit le travail agricole local"
Pourquoi un abattoir suscite-t-il autant de polémiques ? France 24 a pu contacter plusieurs habitants de la région qui n’ont pas participé aux violences mais qui comprennent la colère des populations. Yacouba (pseudonyme) est l’un d’entre eux.
Cet établissement abattait à l’origine des bœufs et des moutons, il n’y avait aucun problème avec la population. Mais à la fin de l’année dernière, il a été loué à de nouveaux propriétaires d’origine asiatique qui ont fait de l’abattage d’ânes une spécialité [selon les journaliste retenus à l’abattoir le 11 juillet, les propriétaires se sont présentés comme étant taïwanais. L’ambassade de Taïwan au Burkina Faso a par la suite affirmé que les propriétaires n’étaient pas ressortissants taïwanais] . Au départ, la quantité d’ânes abattue était raisonnable et l’abattoir pouvait gérer les flux. Mais depuis le début de l’année, les quantités ont follement augmenté, tant et si bien que des carcasses s’entassent dans la cour sans pouvoir être incinérées.
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