Alors que le réchauffement climatique est dans toutes les bouches depuis la COP 21, chaque événement international de grande ampleur se doit de faire ses preuves en termes d'efficacité énergétique et d'acceptabilité environnementale. Les Jeux Olympiques de Rio, organisés au Brésil du 5 au 21 août derniers, n'ont pas échappé à la règle et ont été l'occasion d'apprécier la mise en place de mesures renforcées en la matière, mais pas toujours suffisantes.
3,4 millions de tonnes de CO2 pour les Jeux Olympiques (JO) de Londres, 2,75 millions pour la Coupe du monde de football en 2014 ou 360 000 tonnes d'équivalent CO2 pour les JO de Sotchi, selon les chiffres officiels. Les grands événements sportifs internationaux suscitent depuis plusieurs années déjà des polémiques récurrentes quant à leurs coûts environnementaux. Le gigantisme des projets implique bien souvent la construction de structures d'accueil et sportives neuves et la concentration d'un public aussi large impacte nécessairement les écosystèmes locaux. "En attirant plus de public, on génère obligatoirement plus de déchets et de nuisances parce que le transport des sportifs et des spectateurs est ce qu'il y a de plus impactant. On amène des dizaines de milliers de gens dans des voitures ou des avions, dans des parkings en béton et des stades énergivores", explique sur RFI Isabelle Autissier, navigatrice, écrivain et présidente de la branche française du World Wild Fund for Nature (WWF).
Objectif : minimiser l’impact environnemental des Jeux
Pour autant, de nombreux moyens existent aujourd'hui pour optimiser le bilan carbone de ces grands événements sportifs internationaux, et la volonté des institutions organisatrices est désormais clairement affichée. Pour les JO de Rio, dernier exemple en date, le Comité international olympique (CIO) a consacré l'environnement comme une priorité de l'Olympisme au même titre que le sport et la culture, et promettait de faire de cette édition la plus durable jamais réalisée. En effet, si les Jeux et l'environnement sont liés depuis l’édition de Lillehammer (Norvège) en 1994 – et la signature entre le CIO et le PNUE (Programme des Nations Unis pour l'Environnement) d'un accord de coopération –, les considérations environnementales sont étudiées aujourd'hui avec beaucoup plus d'attention. Le CIO invite d'ailleurs depuis novembre 2014 "les villes candidates potentielles à présenter un projet conforme aux besoins de planification à long terme sur les plans économique, social et environnemental".
Regroupant plus de 28 500 athlètes et membres du staff arrivés en avion, et totalisant 30 millions d'articles vendus ou loués, 17 000 tonnes de déchets, 6 000 tonnes de nourriture, 1 500 bus pour les athlètes et membres du staff, 29 500 gigawatts utilisés et 23 500 litres de carburant, les Jeux de Rio représenteront donc eux aussi un bilan carbone important – estimés aujourd'hui à 3,6 millions de tonnes de CO2 –, mais maîtrisé au regard de l'ampleur de l'événement et des mesures mises en place afin de réduire l'impact des Jeux sur l'environnement. Le Brésil souhaitait ici poursuivre sur la lancée de la Coupe du monde en 2014 et continuer à "sensibiliser" les amateurs et "compenser" les projets de construction par des initiatives en lien avec le développement durable. L'objectif : minimiser l'impact des Jeux sur la consommation des ressources naturelles comme l'eau ou l'énergie, sur la consommation d'aliments et de matières premières ainsi que sur la production de déchets.
Initiative durable
Pour cela, le comité d'organisation a choisi d'agir en priorité sur le transport et la logistique, la conception et la construction durables, la conservation et la restauration de l'environnement, et la gestion des déchets. Les transports publics ont été mis en avant tout au long de la manifestation aussi bien pour les travailleurs que pour les spectateurs, l'éthanol et le DieselBio ont été privilégiés aux combustibles fossiles, et un système efficace de recyclage des déchets a été mis en place. En matière d'infrastructures sportives, les stades olympiques, comme ceux de la Coupe du Monde, ont obtenu la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), et bénéficié d'innovations leur permettant de limiter leur empreinte carbone.
Malgré tout, le problème de la reconversion de ces installations se pose une fois encore et rappelle le coût économique et environnemental des Jeux. Le parcours de kayak, par exemple, réputé pour sa forte consommation d'eau et d'énergie, a été laissé ici aux bons soins de la société Whitewater Parks International (WPI) pour un coût de 20 millions de dollars, et une utilisation à posteriori très certainement limitée. D'autres solutions existent pourtant et proposent depuis plusieurs années des infrastructures de base temporaires et amovibles adaptées aux épreuves événementielles. La société française Hydrostadium, filiale d'EDF, est spécialisée dans le développement de rivières artificielles et propose via son concept de RiverBox un parcours temporaire et mobile d'environ 250 mètres, nécessitant un volume d'eau inférieur à celui de trois piscines olympiques. Déjà présente aux JO de Sidney, d'Athènes et de Pékin, elle est capable de reproduire et moduler à souhait les mouvements d'eau des rivières naturelles sur un espace restreint et pour un budget deux fois inférieur – entre 7 et 10 millions d'euros.
Cette initiative durable démontre l'étendue des possibilités en matière événementielle et environnementale et permettra à terme de répondre à la volonté générale de faire des JO une fête du sport pour les générations présentes et futures.
Crédits photo : olympic.org