On n’est jamais mieux servi que pas soi-même dit l’adage, et les 22 pays de l’espace méditerranéen l’ont bien compris. Depuis l’année dernière, ils organisent en effet une pré-COP, quelques semaines avant l’événement mondial, pour aborder spécifiquement les problèmes liés au climat de leur région. «Le but est double , explique Ghani Chehbouni. Il s’agit tout à la fois d’assurer les engagements globaux – pris par chacun de ces pays lors de la COP précédente - au niveau régional, mais aussi d’organiser les moyens pour disposer d’une information scientifique fiable au moment de déterminer les politiques publiques environnementales ». L’agro-climatologue, représentant de l’IRD au Maroc, évoque ainsi les motivations de la récente MedCOP de Tanger. Cette rencontre, la deuxième du genre, marque la pérennisation de l’initiative française inaugurée à Marseille en 2015, peu avant la COP 21 de Paris. « Désormais, les représentants de villes, de régions, d’entreprises et d’associations, d’institutions scientifiques, d’organisations internationales de la Méditerranée, et les représentants des Etats méditerranéens eux-mêmes, se retrouveront chaque année dans une ville méditerranéenne pour plancher sur les problèmes liés aux changements climatiques et leurs impacts, indique-t-il. D’ores et déjà, on parle des villes de Barcelone ou Tunis pour accueillir la prochaine MedCOP Climat ».
Autre acquis de cette édition tangéroise, la mise en place d’une entité dédiée à la structuration de l’expertise scientifique méditerranée autour des problèmes de climat a été actée. Le Maroc propose d’ailleurs d’en accueillir le secrétariat permanent. Sa forme définitive - institution formelle ou groupe inter-organismes ou intergouvernementales - reste à préciser. « Il s’agira, pour ce nouvel outil, de suivre l’évolution de l’environnement et du changement climatique en Méditerranée et d’éclairer les pouvoirs publics en termes de vision politique et évaluer l’impact des politiques mises en œuvre », précise le spécialiste. L’enjeu est de taille, puisque la région subit de plein fouet les changements à l’œuvre à l’échelle globale. Véritable hot spot climatique, elle s’avère en effet très vulnérable aux divers aspects du réchauffement, et leurs conséquences pourraient être dramatiques à court terme, d’autant que la pression démographique sur les milieux y est intense. « Au-delà du contenu scientifique, où nous plaidons en faveur d’un équilibre thématique, d’une multidisciplinarité et d’un équilibre géographique (nord-sud), pour élaborer des politiques environnementales acceptables par les sociétés, nous insistons aussi à l’IRD sur la mobilisation des opinions et la diffusion de la culture scientifique », raconte le chercheur. Ainsi, une « caravane des sciences pour le climat » accompagne l’évènement COP 22 par une tournée des grandes villes du Maroc. Elle préfigure ce que pourrait être une grande campagne de sensibilisation des peuples méditerranéens à la préservation de leur environnement et de leur cadre de vie.
Source : IRD
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