Nous, les ministres et autres chefs de délégations, réunis à l’occasion de la Conférence des Nations
Unies sur la Biodiversité, Cancún, Mexique 20161, les 2 et 3 décembre,
DÉCLARONS QUE :
1. Il importe au plus haut point de vivre en harmonie avec la nature et la Terre nourricière comme condition fondamentale du bien-être pour toute la vie sur la planète, qui dépend de la conservation et de l’utilisation durable de la biodiversité et des services écosystémiques qu’elle sous-tend.
2. La biodiversité offre des solutions aux défis sociétaux et de développement pressants auxquels est confrontée la communauté mondiale.
3. Nous sommes surtout préoccupés par les effets néfastes sur la biodiversité causés par la dégradation
et la fragmentation des écosystèmes, les changements d’affectation des terres, la surexploitation des ressources naturelles, les prélèvements et le commerce illicites d’espèces, l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, la pollution de l’air, du sol, des eaux intérieures et des océans, les changements climatiques et la désertification.
4. Il est nécessaire de changer les modes de développement humain, les comportements et les activités pour respecter la nature.
5. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses objectifs de développement
durable, qui reflètent largement la biodiversité, offrent de nouvelles possibilités de relever les défis du développement de manière transformatrice et dans une perspective qui tient compte des dimensions environnementales, économiques et sociales.
6. L’application de l’Accord de Paris au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques, qui reconnait qu’il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes et à la protection de la biodiversité dans l’action menée face aux changements climatiques, peut et
devrait contribuer également à la réalisation des objectifs de la Convention sur la diversité biologique,
et vice versa.
7. Nous devons intensifier les efforts pour assurer l’application effective de la Convention sur la diversité biologique, du Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 et de ses objectifs
d’Aichi pour la biodiversité, ainsi que des protocoles de Cartagena et de Nagoya, et faciliter une
collaboration plus étroite avec les autres initiatives adoptées dans des enceintes internationales liées au développement durable, au commerce, à l’agriculture, aux pêches, à la foresterie et au tourisme,
entre autres secteurs.
Et par conséquent,
NOUS NOUS ENGAGEONS :
À œuvrer à tous les niveaux au sein de nos gouvernements et dans tous les secteurs, à intégrer la biodiversité en créant des cadres institutionnels législatifs et réglementaires efficaces adaptés aux besoins et aux situations nationaux, en adoptant une approche économique, sociale et culturelle inclusive dans le respect total de la nature et des droits humains et en prenant les mesures suivantes :
1. Veiller à ce que les politiques, plans et programmes sectoriels et intersectoriels ainsi que les mesures législatives et administratives et les budgets établis par nos gouvernements comportent, de manière structurée et cohérente, des mesures de conservation, d’utilisation durable et de restauration de la diversité biologique et des écosystèmes.
2. Incorporer les valeurs de la biodiversité aux systèmes nationaux de comptabilité et d’établissement
des rapports.
3. Actualiser et mettre en œuvre nos stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité afin de
renforcer l’intégration de la diversité biologique.
4. Consolider le soutien et les capacités institutionnelles d’intégration de la biodiversité.
5. Encourager les secteurs qui sont tributaires de la biodiversité et qui ont un impact sur elle à adopter des stratégies intégrées pour sa conservation et son utilisation durable, et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.
6. Promouvoir la conservation, l’utilisation durable et, le cas échéant, la restauration des écosystèmes comme moyen de réaliser la bonne santé, l’eau propre et l’assainissement, la sécurité alimentaire, la réduction de la faim et l’amélioration de la nutrition, la prévention des catastrophes naturelles, des villes et des établissements humains résilients, durables et inclusifs, ainsi que l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de ceux-ci.
7. Favoriser la croissance économique durable orientée vers le plein emploi et un travail décent, la réduction de l’empreinte écologique mondiale, la lutte contre la dégradation des terres et la désertification, l’avancement de la paix, de la justice et la réduction de la pauvreté sous toutes ses formes et la prévention de l’inégalité sociale entre les populations et les régions.
8. Agrandir et renforcer des systèmes d’aires protégées écologiquement représentatifs et bien reliés et
autres mesures efficaces de conservation par zone.
9. Promouvoir la production et l’utilisation de connaissances et d’informations relatives à la biodiversité et les rendre facilement accessibles à la société en vue de soutenir la prise de décisions à tous les niveaux.
10. Intégrer la biodiversité dans les programmes éducatifs afin de sensibiliser le public à la biodiversité et à ses valeurs.
11. Resserrer la coopération internationale et encourager l’innovation et le transfert de technologies
appropriées.
12. Intensifier les efforts de mobilisation de ressources de toutes les sources.
13. Encourager les organisations telles que le Fonds pour l’environnement mondial, les banques de développement et les institutions financières et de coopération à appuyer la cohérence de la politique publique dans les programmes, le renforcement des capacités, la gestion des connaissances et les mécanismes de mise en œuvre, en particulier dans les pays en développement.
14. Promouvoir une coopération plus étroite et les synergies entre les organisations compétentes du système des Nations Unies, notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture, l’Organisation mondiale du tourisme, les accords multilatéraux sur l’environnement, ainsi que d’autres organisations, processus et initiatives internationaux, y compris au niveau régional.
15. Faciliter la participation active et efficace de tous les acteurs et les parties prenantes concernés.
16. Prendre des mesures propres à renforcer les capacités des peuples autochtones et des communautés locales pour l’application de la Convention sur la diversité biologique en respectant leurs droits, leur utilisation coutumière durable de la biodiversité et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation de leurs connaissances et pratiques traditionnelles.
17. Améliorer le cadre réglementaire des activités du secteur privé et promouvoir des outils de conservation et d’utilisation durable de la biodiversité, et de partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.
18. Soutenir la production et la consommation durables dans l’ensemble des chaînes de valeur, l’application sûre et durable des technologies, l’élimination des incitations nuisibles et le renforcement des incitations positives.
Étant donné que les secteurs de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et du tourisme sont fortement tributaires de la diversité biologique et de ses éléments constitutifs, ainsi que des fonctions des écosystèmes et des services qu’ils fournissent qui sont étayés par celle-ci, et que ces secteurs influent aussi sur la biodiversité de diverses manières directes et indirectes, nous nous engageons également à prendre les mesures particulières à chaque secteur décrites dans les directives jointes en annexe à la présente déclaration.
La vie sur la planète et notre avenir commun sont en jeu. Il faut prendre sans plus attendre des mesures vigoureuses de manière responsable pour assurer la survie de la richesse biologique et des écosystèmes sains qui soutiennent le développement et le bien-être humains. Nous devons nous employer à réaliser les objectifs d’Aichi pour la biodiversité et la Vision 2050, qui consiste à vivre en harmonie avec la nature. Nous devons donc faire preuve d’encore plus d’ambition et de volonté politique d’intégrer la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.
Enfin, nous appelons la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité, Cancún, Mexique, 2016 à tenir compte de cette déclaration dans ses travaux. Nous demandons aussi au Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique d’inclure cette déclaration dans le rapport de la conférence et de collaborer avec les Parties, les organisations internationales compétentes et les parties prenantes en faveur de l’intégration de la biodiversité.
La présente déclaration sera transmise à l’Assemblée générale des Nations Unies, au Forum politique de haut niveau pour le développement durable 2017 et à la troisième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement.
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1 Treizième réunion de la Conférence des Parties à la Conventions sur la diversité biologique, huitième réunion de la Conférence des Parties siégeant en tant que réunion des Parties au Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques et deuxième réunion de la Conférence des Parties siégeant en tant que réunion des Parties au Protocole de Nagoya sur l’accès et le partage des avantages, du 4 au 17 décembre 2016; Débat de haut niveau des réunions, les 2 et 3 décembre 2016, à Cancún, au Mexique.
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