La NAPA n°107 nous parle des zones clés pour la biodiversité (KBA) et comment les identifier de façon objective (standards). Elle rappelle aussi nos deux MOOCs qui sont en cours et que vous pouvez rejoindre en visitant www.papaco.org à la page "formation".
Le numéro 107 de la lettre NAPA
Edito : Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco
Mythes et crimes…
Début mars, un rhinocéros blanc de 4 ans a été abattu dans le parc zoologique de Thoiry, non loin de Paris, en France. Devant ses deux compagnons. Sa corne a été sciée et on estime sa valeur théorique à 30 ou 40 000€. Un évènement anecdotique en comparaison des 1054 rhinos tués l’an passé dans la seule Afrique du Sud (alors qu’ils étaient moins de cent en 2008 !), pour les mêmes raisons. Mais il est intéressant à décortiquer.
D’abord, ce triste fait divers montre la limite de la conservation ex-situ. Penser qu’on peut mettre à l’abri une espèce simplement en l’élevant loin de sa terre natale se révèle hasardeux face à la capacité des réseaux criminels à tout tenter pour s’en accaparer.
Ensuite, cela souligne l’inhumanité des auteurs. Une chose est de braconner une espèce sauvage dans un parc, une autre est de l’abattre à bout portant dans une cage. Ce n’est pas la première fois que cela arrive et en février, deux rhinos orphelins élevés en Afrique du Sud ont fait les frais du même crime.
Enfin, cela pose la question de la solution. Ou plutôt de l’absence de solution. S’il se trouve des individus capables d’aller tuer un rhinocéros à des milliers de kilomètres de son habitat naturel dans la plus grande sauvagerie, que pouvons-nous faire ?
La seule réponse réaliste repose sur l’arrêt de la demande. Cela fait des années que tout le monde le dit et pourtant rien ne se passe.
La corne de rhinocéros, c’est de la kératine. Elle ne pousse pas sur l’os du crâne (comme les cornes des buffles) mais sur le nez et sa croissance, comme celle des ongles, ne s’arrête jamais (quelques centimètres chaque année). Le rhino d’Afrique n’est tué que pour cet appendice dont la composition est globalement la même que celle d’un ongle ou des cheveux. On lui prête des vertus thérapeutiques, anti pyrétiques, anti cancéreuses, aphrodisiaques mais toutes les analyses, tous les tests ont démontré depuis fort longtemps que la corne de rhino n’a strictement aucune valeur médicale ou même alimentaire. Prise en infusion, elle n’a aucun impact sinon bien évidemment un effet placebo qui conforte les esprits simples dans leurs croyances périmées. Et dangereuses.
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