Les arrière-mangroves sont évaluées « En Danger Critique » (CR). Elles représentent le type de mangrove le plus menacé à Mayotte. La plupart de ces forêts et prairies marécageuses ont en effet été largement transformées en zone de culture, en plantations ou en zone de parcage d’animaux pour l’élevage, lorsqu’elles n’ont pas été directement remblayées et urbanisées. Cet écosystème ne se trouve ainsi plus qu’à l’état de relique sur les côtes mahoraises. La protection et la restauration de ces sites apparaissent comme une priorité pour sauvegarder ces milieux naturels.
Les mangroves externes de Mayotte, ou fronts pionniers de mangroves, sont évaluées « Vulnérable » (VU). La vitesse d’érosion d’une partie de ces mangroves a augmenté depuis les années 2000 et certains fronts pionniers pourraient être condamnés à disparaître au cours des 50 prochaines années, si cette vitesse ne faiblit pas. Un changement des pratiques d’occupation des sols est nécessaire pour ralentir voire stopper cette érosion, d’autant que les changements climatiques vont probablement accentuer la vulnérabilité de ces mangroves à l’avenir (hausse du niveau marin, intensification des vents et de la houle…).
Les mangroves centrales et internes, qui représentent le cœur des mangroves et la majorité de la superficie actuelle de ces écosystèmes à Mayotte, ne sont, en l’état actuel des connaissances, pas menacées à court terme. Évalué « Préoccupation Mineure » (LC), cet écosystème reste cependant confronté à des défrichements et à des rejets d’eaux usées dont les impacts n’ont pas pu être évalués faute de suivis globaux réalisés sur l’ensemble des mangroves.
De l’importance des suivis à long terme
Les connaissances acquises sur les mangroves mahoraises depuis plusieurs décennies, tant sur leur flore et faune que sur leur fonctionnement écologique, ont permis d’apporter de solides bases scientifiques à la réalisation de ce chapitre de la Liste rouge des écosystèmes en France. Cependant, un certain nombre de critères n’ont pu être utilisés faute de données exhaustives ou homogènes dans le temps et ce notamment pour les écosystèmes les plus menacés comme les arrière-mangroves. Ceci souligne l’importance de renforcer, parallèlement aux efforts de conservation, des programmes d’acquisition de connaissances sur la distribution spatiale ainsi que sur le fonctionnement des mangroves à Mayotte.
La Liste rouge des écosystèmes, un nouvel outil de connaissance de l’UICN
Fort du succès des Listes rouges d’espèces menacées, largement utilisées pour mieux connaître l’état de la biodiversité et impulser des actions en matière de conservation de la nature, l’UICN a lancé en 2008 un outil équivalent pour les écosystèmes. La méthodologie retenue a été formellement adoptée en 2014 et se fonde sur des critères basés sur la perte de superficie, la modification du milieu physique ou encore la dégradation des processus écologiques clés des écosystèmes évalués. L’écosystème est menacé s’il remplit les critères correspondant aux catégories « En danger critique », « En danger » ou « Vulnérable ». La Liste Rouge des Écosystèmes de l’UICN représente dorénavant un outil standard pour évaluer l’état des écosystèmes, applicable à différentes échelles, et décliné en France par le Comité français de l’UICN.
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