La NAPA n°118 parle des concessions et partenariats pour le tourisme dans les AP ainsi que des réserves MAB en Afrique.
Edito Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco
Simple équation ...
Il y a quelques semaines, le directeur exécutif de Conservation International publiait, dans un journal américain*, une tribune sur la chasse au trophée d’éléphants. Cette réflexion portait sur l’opportunité de maintenir cette pratique, alors que l’administration Trump hésitait encore sur la levée – ou non – de l’interdiction de l’importation des trophées promulguée par l’équipe précédente. Prenant le Botswana comme exemple, pays où la chasse a été intégralement bannie, il soulignait que « l’économie de la chasse au trophée a toujours été questionnable. On estime qu’un éléphant sauvage rapporte environ 1,6 millions de $ en termes de revenus touristiques durant sa vie. A comparer avec 21,000$ pour ses défenses ou quelques centaines de milliers de $ pour les permis de chasse les plus chers ».
Il a joutait que « la chasse au trophée représente moins d’un pourcent des revenus du tourisme dans 8 pays africains (où cette activité se déroule) et de nombreux rapports montre que même cette infime proportion n’atteint jamais les communautés censées en bénéficier ». Quand on parle tourisme, un animal mort rapporte donc moins qu’un animal vivant.
Qu’en est - il de ses coûts ? Prenons l’exemple du lion. Les densités actuelles de lions dans les zones de chasse où il en subsiste sont très faibles, de l’ordre de 2 par cent km² et les quotas généralement admis sont d’environ 1% si l'on respecte les critères d’âge et de sexe pour le tir. La surface nécessaire pour chasser un lion se chiffre donc en milliers de km² et le coût de protection d’un tel territoire en million de $ annuellement ; le permis de chasse rapportera au mieux quelques dizaines de milliers de $ soit bien moins de 5% de ce coût. Une autre forme de « valorisation » de ce lion devra exister car l’argument souvent répété « if it pays, it stays » est objectivement intenable avec la seule chasse. Bien sûr on pourra trouver un contre - exemple sur un milieu clos et où l’on maintient artificiellement des densités non naturelles d’animaux à chasser – par exemple la fameuse chasse du « lion en boîte » - pour expliquer que, si, le modèle économique existe. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici...
Télécharger la lettre des Aires Protégées d'Afrique (787 hits)