Comment les stocks de carbone changent-ils à l’échelle continentale dans la végétation ? Quels facteurs expliquent ces changements ? Ce sont des questions centrales pour les sciences du climat et l’application des accords internationaux pour le climat. Une étude pilotée par l’Université de Copenhague a permis une approche inédite de ce problème. En lien avec les équipes scientifiques du CEA, du Cnes et du CNRS, l'Inra a coordonné le développement du jeu de données issu d'observations satellitaires micro-ondes qui est à la base de l'approche. L’étude démontre que sur le continent africain et durant la période 2010-2016, le bilan net de carbone est négatif (baisse des quantités de carbone retenu par la végétation), et que la majorité des pertes de carbone s'est produite dans les savanes arborées des régions semi-arides. Ces résultats sont publiés le 9 avril 2018 dans la revue Nature Ecology and Evolution.
Le continent africain fait face à une des périodes les plus sèches sur les trente dernières années et à une déforestation continue. Cette pression combinée du climat et des activités humaines a un impact sur les stocks de carbone de la végétation et met en avant le besoin d’outils de suivi de la dynamique de ces stocks. Quel est le rôle des différents types de végétation (formations arbustives, savanes arborées, forêt tropicale) ? Quelle est leur sensibilité aux épisodes de sécheresse ?
L’étude montre que globalement sur le continent africain et sur la période 2010-2016, le bilan net de carbone est négatif (-0.10 PgC yr-1)3 et que la majorité des pertes de carbone s'est produite dans les savanes arborées des régions semi-arides. Dans ces régions, les pertes brutes annuelles représentent approximativement 5% du total des stocks de carbone disponible. Les changements nets dans les régions semi-arides apparaissent clairement associés à des tendances de dessèchement.
Les analyses démontrent une forte variabilité interannuelle dans les stocks avec des gains lors des années très humides (2011 et 2013) et des pertes au cours de 2015, une année très sèche marquée par un évènement El Niño sévère.
Cette étude remet en question l’idée que les savanes arborées africaines pourraient servir de puits de carbone sur le long terme. En effet, les auteurs montrent que les récentes années sèches sur la période 2010-2016 ont conduit à considérer ces régions comme une source de carbone, en particulier en Afrique du Sud, signifiant que sur le court terme le climat contrôle les variations des stocks de carbone à grande échelle. Sur le long terme, la question du maintien du rôle des savanes africaines comme puits de carbone reste donc ouverte.
Communiqué de l'Inra
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