Le chef de l’ONU a estimé que ce débat destiné à marquer le 15e anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies contre la corruption, tombait à point nommé pour réfléchir à la façon de mettre en œuvre l’objectif de développement durable 16 (Paix, justice et institutions efficaces), dont le but est de lutter contre la corruption, de renforcer les activités de restitution des biens volés et de promouvoir des institutions ouvertes et transparentes.
« La corruption affecte aussi bien les pays développés que ceux en développement, et la complicité ne connait pas de frontières », a déclaré M. Guterres, soulignant que ceux qui peuvent le moins se permettre de voir fleurir la corruption chez eux sont généralement ceux qui en souffrent le plus. « Elle freine le développement économique, fige l’esprit d’entreprise et décourage les investissements étrangers ».
Selon M. Guterres, une société ne peut fonctionner équitablement et efficacement quand ses fonctionnaires, qu’il s’agisse des médecins, des policiers, des juges ou des hommes politiques, s’enrichissent personnellement au lieu de s’acquitter de leur tâche avec intégrité.
« La corruption vole les ressources des écoles, des hôpitaux, des infrastructures et des services vitaux », a-t-il encore dénoncé. Mais la corruption favorise également l’apparition de la traite, du trafic illégal de migrants, des flux financiers illicites et du trafic illégal de ressources naturelles, d’armes, de drogue et de bien culturels.
Non seulement la corruption attise les conflits, mais elle fragilise également la paix obtenue durement obtenue. Elle pousse ses victimes à chercher de meilleures opportunités ailleurs, voire à se laisser séduire par des groupes terroristes et l’extrémisme violent.
« La solution est de déraciner et d’éradiquer la corruption à tous les niveaux et de restaurer la confiance lorsqu’elle a été perdue », a déclaré M. Guterres, estimant que l’ONU avait un rôle crucial à jouer pour y parvenir. Selon lui, l’Organisation peut appuyer les Etats Membres dans leur lutte contre la corruption de plusieurs façons, y compris en faisant la promotion des bonnes pratiques et en soutenant les commissions nationales de lutte contre la corruption, telles que la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala.
Dans ce cadre, le Secrétaire général a estimé que la Convention des Nations Unies contre la corruption avait permis de reconnaître le fait que la corruption n’était « ni acceptable, ni un mal nécessaire ». C’est un crime sérieux tout simplement inacceptable, a-t-il insisté.
Forte de ses 184 parties, la Convention est presque un instrument universel qui permet de lutter contre le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites et rend possible le retour des actifs volés, a souligné M. Guterres. Toutefois, a-t-il mis en garde, nous n’arriverons pas à lutter durablement contre ce fléau sans l’implication du secteur privé, l’engagement de la société civile et la vigilance de la presse libre et indépendante.
Selon lui, les pays africains doivent aussi jouer un rôle moteur dans cette lutte, qui s’est d’ores et déjà incarnée dans des initiatives pour lutter contre le blanchiment d’argent au Nigéria et en Tunisie. « Les gouvernements doivent joindre le geste à la parole », a-t-il dit, appelant, en ce 15e anniversaire de la Convention, à instaurer une « culture de l’intégrité à l’échelle mondiale ».