En Mauritanie, un démonstrateur in situ a récemment été mis en place pour accompagner le développement du biocharbon typha à plus large échelle.
Depuis 1986 et la mise en service du barrage anti-sel de Diama, le typha est un fléau environnemental qui colonise le système du fleuve Sénégal sur plus de 100 kilomètres. Aucun projet n’a réussi à l’éradiquer ou à en contrôler l’expansion, qui s’étend aujourd’hui sur plus de 250 000 hectares. « Le typha est un roseau invasif qui étouffe les rares espaces aquatiques à l’ouest du Sahel, mais qui a le potentiel de répondre aux besoins thermiques de la Mauritanie », explique Minh Cuong Le Quan, chargé de projets Énergie au Gret.
Le Gret travaille depuis 2011 sur des solutions biomasse énergie avec l’Institut supérieur d’enseignement technologique de Rosso (Iset) en Mauritanie. Cette collaboration a permis de développer et de tester différentes valorisations du typha en énergie : biocharbon artisanal, biocharbon encens, biocharbon industriel. La technologie biocharbon artisanale est bien prise en main par les communautés locales : elle peut efficacement répondre aux enjeux locaux de reprise agricole et de sécurité énergétique dans la vallée du fleuve.
Quant à la technologie biocharbon industrielle, elle prend peu à peu forme. Lauréate de l’appel à projets « Innovation pour l’accès à l’énergie hors réseau » de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) en mars dernier, elle s’est récemment dotée d’un démonstrateur in situ. Sa création constitue une première brique dans la construction d’une filière nationale de biocombustibles renouvelables destinés à résoudre la pauvreté énergétique des ménages d’une part, mais également de répondre aux besoins de chaleur des activités économiques et des industries d’autre part.
Car la doctrine actuelle consiste en effet à faire du typha un allié, une ressource en remplacement du charbon de bois. Le projet soutenu par l’Ademe vise à exploiter le typha jusqu’à épuisement, là où il est impératif de récupérer des terres agricoles envahies, de rendre l’accès au fleuve et à la pêche, ou encore de désengorger les canaux. Sur certaines zones à définir de façon concertée, le typha sera exploité de façon productive comme une nouvelle matière première renouvelable.
L’équipe projet sélectionnera une entreprise mauritanienne pour se saisir et développer cette opportunité de production d’énergie renouvelable. Elle facilitera également en amont une concertation large pour sécuriser l’accès et les conditions d’exploitation de la ressource ; en aval, elle accompagnera l’accès du produit au marché de masse, notamment à Nouakchott, où les familles les plus vulnérables (400 000 personnes) dépendent du charbon de bois pour leurs besoins quotidiens.
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