Par Eli Knapp, Assistant Professor of Intercultural Studies, Biology and Earth Science, Houghton College
La chasse illégale de viande sauvage (aussi appelée viande de brousse) préoccupe de longue date les défenseurs de la faune. Cette pratique existe depuis longtemps en Afrique subsaharienne, attirant l’attention de la communauté internationale et suscitant les débats.
Si des actions de lutte anti-braconnage ont été déployées par les autorités et les populations locales, le bilan est mitigé : le déclin de la faune sauvage n’a pas marqué le pas.
Pourquoi cette pratique persiste-t-elle ? La réponse, suggérée par les braconniers eux-mêmes, est simple : le braconnage est rentable.
Éléphants, impalas et koudous
Nous avons mené une étude auprès de braconniers de Tanzanie occidentale. Ces derniers chassent les éléphants pour leur ivoire ainsi que tous les animaux qu’ils peuvent attraper grâce à des pièges pour leur viande (impalas, koudous et guibs harnachés principalement). Cette activité illégale représente l’une des plus sérieuses atteintes à la biodiversité sauvage de cette région.
Nos travaux apportent un éclairage inédit sur leur motivation et mettent bien en évidence l’intérêt de cette pratique, les bénéfices étant plus importants que les coûts.
L’étude nuance également la perception générale qui voudrait que les braconniers figurent forcément parmi les plus démunis. Ce n’est pas systématique : ces derniers ne chassent pas uniquement pour assurer leur subsistance mais aussi pour diversifier leurs sources de revenus et améliorer leur situation. Ils n’hésitent pas pour cela à prendre des risques.
À la lumière de ces résultats, notre recherche suggère donc que les approches actuelles contre le braconnage sont faussées car elles ne prennent pas assez en compte la diversité des braconneurs.
Des actions s’appuyant, par exemple, sur un approvisionnement en viande à un faible coût ont peu de chance d’aboutir car elles n’intègrent pas le fait que la chasse illégale rapporte de l’argent et pas seulement de la nourriture.
Pour ceux chassant par nécessité, des mesures autoritaires, comme des peines de prison ou des amendes, risquent de se révéler tout aussi inefficaces car ces chasseurs n’ont pas d’autre moyen d’assurer un revenu.
425 dollars de bénéfices annuels
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