Un article scientifique publié dans la revue Nature Climate Change montre pour la première fois le phénomène de tropicalisation que pourraient connaître les espèces structurant les fonds marins à une profondeur entre 30 et 90 m, sous l’effet du changement climatique à l’horizon 2060. Les trois grands types d’écosystèmes profonds seront modifiés et des formes d’espèces hybrides devraient apparaître.
L’équipe a l’origine de l’article a réalisé son étude à l’est de l’Australie, au sud de la Grande barrière de corail. Cette côte est australienne est un « hotspot » de biodiversité mais aussi du changement climatique : la zone se réchauffe quatre fois plus vite que la moyenne du globe. En effet, l’eau de cette zone s’est réchauffé de 2,3° en 70 ans, et compte-tenu des prévisions pour 2060, la température devrait s’élever d’environ 1,5° en moyenne. Cela fait de cette zone un terrain d’étude particulièrement intéressant des effets du changement climatique, et offre également une vision accélérée des évolutions qui se produiront sur l’ensemble des eaux côtières tempérées. Le réchauffement des eaux entraîne notamment la modification des courants marins, elle-même cause de nombreux dérèglements.
L’étude montre notamment que les trois grandes communautés écologiques des récifs profonds qui existent actuellement de manière bien distinctes vont connaitre des bouleversements. L’impact des dérégulations climatiques devrait être dramatique car chacune de ces communautés écologiques va tenter d’apporter des réponses uniques. Certaines réactions de ces groupes sont dors et déjà observables, d’autres sont à venir. L’équipe de chercheurs ayant menée cette étude prévoit que nous devons nous attendre à des assemblages d’espèces, inédites à l’heure actuelle, pour les trois grands types d’écosystèmes. Ces transformations auront potentiellement des conséquences lourdes sur leur fonctionnement. L’équipe prédit une invasion des espèces tropicales dans les eaux tempérées chaudes, ou encore le déclin des espèces vivant dans les eaux tempérées froides. Ces espèces appartenant au groupe des écosystèmes des eaux tempérées froides ne pourraient subsister seulement sur une zone au périmètre largement réduit, sur la dernière portion du plateau continental entre le sud de l’Australie et avant l’océan Antarctique. Un des principaux auteurs de l’article, Martin Marzloff, chercheur en écologie benthique à l’Ifremer, souhaite approfondir cette étude le long des côtes européennes où l’on constate déjà l’apparition et le développement d’espèces tropicales.
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