«Un changement de mentalité est nécessaire, centré sur des valeurs fondamentales capables de mettre en lumière la dimension éthique et humaine du changement climatique» : le cardinal Pietro Parolin s’est surtout appuyé sur des notions morales et sociétales dans le discours qu’il a prononcé ce lundi devant les participants à la 24e Conférence des parties à la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), plus simplement appelée COP24.
Une question de volonté politique
Une réflexion destinée à susciter des actions concrètes à l’issue de cette réunion dont les enjeux sont graves. Les participants devront mettre en place des règles pour s’assurer que l’accord de Paris, signé par 197 parties en 2015, lors de la COP21, soit bien respecté. La mise en pratique de cet accord doit limiter le réchauffement climatique, mais «nous savons tous combien cet effort est difficile», a concédé le cardinal Parolin. Reste qu’à l’heure actuelle, les «engagements pris par les États» ne sont pas «suffisants pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris».
Le Secrétaire d’État du Saint-Siège a rappelé que la lutte contre le réchauffement climatique requiert de «promouvoir le plus rapidement possible le processus de transition vers un modèle de développement libre de ces technologies et comportements qui influencent la surproduction d’émissions de gaz à effet de serre». Beaucoup de propositions ont déjà été faites dans cette perspective, mais «y a-t-il une volonté politique suffisante ?», a demandé le cardinal Parolin.
Les recommandations du Saint-Siège
La feuille de route qui sera élaborée lors de la COP24 doit reposer sur «trois piliers», a expliqué le Secrétaire d’État du Saint-Siège : «un fondement éthique clair», un engagement à atteindre trois objectifs – «promouvoir la dignité de la personne humaine, réduire la pauvreté et promouvoir le développement humain intégral, atténuer l’effet du changement climatique par des mesures de réduction responsable et d’adaptation» -, être attentif à «répondre à la fois aux besoins du présent et du futur». Outre ces trois points, le cardinal Parolin a énoncé un certain nombre de mesures concrètes que le Saint-Siège souhaite voir figurer dans le programme de travail de l’accord de Paris.
Il a également attiré l’attention sur la nécessité de «fournir des opportunités de travail plus adaptées», ce qui rendrait plus efficace «une application correcte de l’accord de Paris».
Une dimension morale et éducative
Mais le cardinal Parolin a surtout invité son auditoire à se défaire d’une vision purement technique et factuelle du changement climatique. La protection de la planète est «une question de schémas de consommation, d’éducation et de modes de vie». «Nous devenons progressivement conscients que le changement climatique est une question toujours davantage morale que technique», a-t-il affirmé.
Tous types d’acteurs doivent alors prendre part à la transition écologique, et chaque échelon compte : «les autorités locales, le secteur des affaires, la communauté scientifique et la société civile», ainsi que «les acteurs non-étatiques». Ces derniers «peuvent faire beaucoup afin d’aider les décideurs politiques à prendre des décisions justes et prospectives», a estimé le Secrétaire d’État du Saint-Siège, avant d’insister sur l’enjeu de l’éducation. «Nous ne pouvons pas attendre des prochaines générations qu’elles absorbent les problèmes causés par les générations précédentes, plaçant sur elles tout le poids de cette responsabilité», a-t-il déclaré à ce sujet.
L’impératif éthique
«Ce que nous avons à faire devient un impératif éthique», a analysé le cardinal Parolin. D’après lui, cela implique de réfléchir à la «signification» des investissements économiques et financiers, en les orientant davantage vers les secteurs «qui touchent réellement le futur de l’humanité».
Les participants à la COP24, réunis jusqu’au 14 décembre, devront donc faire preuve de créativité, d’ingéniosité, mais surtout de solidarité : «il serait tragique que des intérêts individuels ou privés prévalent sur le bien commun, surtout lorsque ceux-ci visent à manipuler l’information pour protéger leurs propres initiatives», a prévenu le cardinal Parolin. «Face à un problème aussi complexe que le changement climatique, où la réponse individuelle ou nationale n’est pas suffisante en soi», a conclu le Secrétaire d’État du Saint-Siège, chaque effort doit participer d’une réponse collective, afin de «collaborer pour construire notre maison commune», comme l’écrit le Pape François dans l’Encyclique Laudato Si.
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