L'Amazonie n'est pas la seule région de la planète touchée par d'importants feux de forêt. Plusieurs pays du Centre et du Sud de l'Afrique font actuellement face à une situation similaire. Le fait est que les feux de forêt sur le continent africain sont dangereusement plus denses et nombreux : Angola, République Démocratique du Congo, Zambie ou encore Tanzanie subissent les ravages des flammes. Pourquoi donc une telle réalité ne suscite aucun émoi médiatique? La NASA (qui fournit les cartes permettant de rendre compte de l’ampleur du phénomène) explique ainsi que ces incendies sont monnaies courante durant cette période de l’année. Loin d’être dus à la sécheresse ou à la pollution, ils sont le résultat d’une pratique agricole dénommée « culture sur brûlis » (slash and burn practice). Cette technique simple et peu coûteuse vise en effet à re-fertiliser les sols par un brulage des terres.
Au sortir du G7 2019, le président Macron, inquiété par la situation de l’Afrique subsaharienne, énonça le potentiel octroi d’une aide similaire à l’aide amazonienne. De nombreux projets et études tentent déjà de trouver une alternative durable à cette pratique destructrice. A titre d’exemple, L'Association Ecologique Cesse de Détruire Protège (AE-CDP) officiellement enregistrée en République du Congo, propose de substituer une plante comme fertilisant naturel, la Mucuna, à la culture sur brûlis. Cette légumineuse riche en azote, permet en effet de fertiliser les sols devenus drastiquement arides par la culture du manioc (aliment de base des populations locales). A dire vrai, les rendements successifs obtenus sur plusieurs années d’essai se veulent être largement supérieurs à ceux des terres brulées! De même, l’instauration d’un nouveau système fondé sur l’utilisation de la Mucuna amènerait à la sédentarisation d’une agriculture jusqu’à lors itinérante. Une mécanisation de l’agriculture serait par ce fait possible et permettrait de diversifier l’économie congolaise. Le rêve des politiques pourrait ainsi être atteint : le Congo pourrait devenir ce pays à vocation agricole libéré du joug de la dépendance alimentaire qui l'enserre.
De même, dans le cadre de sa thèse au sein du Laboratoire des systèmes écologiques (ECOS) de l’EPFL, Justine Gay-des-Combes a su mettre au point à Madagascar, une technique durable afin d'améliorer la culture «sur brûlis» en réduisant l’abattage des arbres. Il s'agit là d'un abattage partiel auquel on vient ajouter un compost d’ordures ménagères produit par la population elle même. L’adjonction du compost apporte alors la matière organique et l’azote qui manquent tous deux dans les sols pauvres et dont les cendres sont dépourvues, renforçant dans le même temps l’humidité des sols. Le directeur du Laboratoire parle ainsi de nouvelles perspectives profondément innovantes, donnant aux paysans les moyens de cultiver d’année en année le même sol sans engager la forêt primaire comme réserve de sols.
Comme le souligne le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), l’Afrique subsaharienne incarne un potentiel de croissance extraordinaire (30% de son PIB est lié à l’agriculture). L’organisation établit la nécessité d’une approche axée sur les personnes en même temps qu’une prise en compte à la fois sécuritaire et équitable de la terre et de ses ressources naturelles. Indubitablement, cela semble être la voie la plus sage pou parvenir à un développement durable viable.
LIENS
Les feux de forêt en Afrique
Culture sur brûlis à Madagascar
Initiative de l'AE-CDP
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