Au Québec, une récente commission parlementaire sur les pesticides a mis au jour l’addiction quasi-morbide de l’agriculture industrielle aux pesticides chimiques et les effets sérieux de ces produits sur l’environnement et la santé humaine. Un virage devient nécessaire.
L’agriculture industrielle a des impacts nuisibles sur l’environnement, la biodiversité et la santé humaine qui mettent en péril la survie même de cette industrie. La recherche de rendement pousse les producteurs à empiéter sur les bandes riveraines, à utiliser des doses massives d’engrais, de pesticides et d’herbicides et à labourer les sols à outrance. Ces pratiques à leur tour provoquent l’érosion et la stérilisation des sols agricoles, la disparition des pollinisateurs, la pollution des cours d’eau et la destruction de la faune aquatique. Sans oublier la perte de valeur nutritive et de saveur des aliments produits de cette façon et les émissions de gaz à effet de serre causées par ces pratiques.
Alors que s’accentue la popularité des produits certifiés biologiques auprès de la population, que les avantages de l’agroécologie et de la permaculture ont été démontrés et que des mesures s’imposent pour contrer les changements climatiques, l’agriculture industrielle doit revoir ses pratiques.
L’exemple suivant illustre bien la gravité de la situation. Geneviève Labrie, entomologiste et chercheuse au Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel, a récemment réalisé la plus importante étude du pays sur la présence des ravageurs dans les grandes cultures. Après 5 années de suivi dans plus de 800 sites au Québec, elle constate que seulement 4 % des champs auraient nécessité une semence insecticide. Très peu de champs montraient une abondance d’insectes assez importante pour causer des dommages. Pourquoi alors les a-t-on traités?
Compte tenu de l’impact dévastateur des insecticides sur la biodiversité et la santé humaine, les résultats de cette recherche devraient interpeller tous les intervenants du monde agricole sur ces pratiques irresponsables. Un virage s’impose vers une agriculture responsable basée sur la protection et la revitalisation des sols, la protection des pollinisateurs, la réduction des intrants chimiques et la lutte intégrée des ravageurs. Ces approches pourtant bien connues tardent à s’implanter au point où l’activité agricole nuit à son propre développement en entraînant des dépenses inutiles chez les agriculteurs et dans le système de santé. Gouvernements, syndicats, producteurs et professionnels doivent tous faire leur part.
De la même façon que les forestiers ont intégré à leur pratique des notions d’écologie forestière et des approches nouvelles, les agriculteurs ne devraient-ils pas revoir leurs modes de production de manière à mieux protéger les citoyens et assurer le développement d’une agriculture responsable? Le gouvernement et les agronomes ont une grande responsabilité à cet égard et doivent appuyer les producteurs dans cette voie.
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