Dans l'article du 6 avril 2020 intitulé « Le cygne noir et les cygnes blancs. Habiter la Terre au temps des pandémies » sur le site Climate Voices, François Gemenne alerte sur « l’idée fausse et dangereuse selon laquelle cette crise serait ‘bonne pour le climat’ ». François Gemenne est président de Climate Voices, directeur de The Hugo Observatory et auteur pour l'IPCC (The Intergovernmental Panel on Climate Change). A priori, la baisse importante et mondiale des émissions de gaz à effet de serre est une bonne nouvelle et dépasse les espoirs les plus fous.
Pourtant, François Gemenne constate que la crise sanitaire et les mesures prises par de nombreux gouvernements de confiner la population n'auront pas les effets attendus sur le climat. Le choix du titre de l'article est éclairant, puisque le cygne noir, rare, représente un événement improbable mais catastrophique, selon l'essayiste Nassim Nicholas Taleb que l'auteur cite. Son explication est simple : les crises sont « toujours suivies d'un rebond ». La Chine retrouve ainsi son niveau d'émissions d'avant la crise. Le directeur de Climate Voices observe que nombreux seront les plans de relance qui risquent d'être le plus souvent à destination des « industries liées aux industries fossiles, les plus touchées par la crise ». De plus, des gouvernements, tchèques et polonais notamment, en plus d'entreprises, se servent de la « crise comme prétexte pour demander (et parfois obtenir) un renoncement aux politiques environnementales » au détriment pour l'instant du Green New Deal européen, même si cette situation peut encore changer.
Il insiste sur le fait que les mesures à apporter à la crise sanitaire et au changement climatique ne sont pas les mêmes, déjà en raison de la perception différente de leurs temporalités, la crise sanitaire étant un danger « proche et immédiat » et le changement climatique étant perçue « comme un danger distant et lointain – ce qu'il n'est pas ». Ce discours de rapprochement de ces deux phénomènes sert celui des survivalistes et des nationalistes qui promeuvent notamment la fermeture des frontières. François Gemenne souligne qu' « on imprime dans l’esprit du public l’idée qu’une lutte efficace contre le changement climatique impose la mise à l’arrêt de l’économie ». Or, cette mesure extrême ne peut être utilisée pour lutter contre le changement climatique.
Enfin, il souligne que si la solidarité est née à l'échelle nationale, à l'échelle internationale, la coopération est beaucoup plus faible et fragilise l'Union européenne.
Pour consulter l'article : https://climatevoices.eu/analyse/le-cygne-noir-et-les-cygnes-blancs/
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