Indice de la performance des changements climatiques, indice de l’égalité, indice de performance environnementale… Les indices ou indicateurs se multiplient inexorablement. Pourtant, le sujet des indicateurs de performance n’est pas sexy. Leurs détails sont complexes et leur méthodologie absconse. En conséquence, seuls les classements que ces indicateurs génèrent, intéressent. Ainsi, une fois par année, certains de ces indicateurs conduisent inlassablement aux mêmes articles de journaux : « la France 5e pays le plus écologique », « Les Seychelles, le pays le plus écologique d’Afrique ». Ces indicateurs sont d’ailleurs souvent le fruit de grandes universités ou d’ONG réputées, en conséquence ils ne sont pas discutés. Ils devraient l’être.
Ces indicateurs se nomment des « indicateurs composites ». C’est-à-dire qu’ils tentent de condenser en une seule donnée, plusieurs indices différents. Par exemple, l’indice de la performance des changements climatiques produit par Yale et Harvard, comprend 32 indices différents. Pour opérer cette réduction les méthodologies divergent. Toutefois, la plus commune consiste à donner une note entre 0 et 10 à chacun des 32 indices pour chacun des Etats analysés. Puis, de procéder à une simple moyenne de ces 32 indices et de finalement classer chacun des Etats en fonction de cette moyenne. C’est ici que le bât blesse. Cette opération est aussi difficile que discutable.
Les problèmes de ces indices sont connus du monde de la science. Les indices sont tous placés sur un pied d'égalité. Les moyennes sont hasardeuses. Le simple principe de donner une note à certains indices est aussi abstrait qu’approximatif. Il manque trop de données à certains Etats pour obtenir des résultats crédibles. Les croisements entre données qualitatives et quantitatives sont souvent curieux…
Malgré cette vaste série de défauts, ces indicateurs sont très influents. Ils sont fortement relayés et les Etats sont en compétition les uns avec les autres pour mieux y figurer. Chaque année, le rendu de certains de ces indicateurs provoque des licenciements en série.
Alors pourquoi encore continuer de produire des indicateurs aussi discutables ? Au-delà du succès que ces indicateurs possèdent, ils sont également un moyen pour la communauté scientifique de communiquer avec le grand public. Loin d’un papier riche de mille et un mots, un indicateur raisonne facilement dans la sphère publique et se relaie efficacement. De manière moins romantique, ces indicateurs peuvent être très lucratifs pour des organisations en quête de financements.
En somme, ces indicateurs sont à prendre avec des pincettes et il est fortement conseillé de regarder comment ils ont été mis au point pour les prendre sérieusement.