Au Burkina Faso et au Mali, les quartiers précaires des zones périurbaines présentent encore aujourd’hui des taux de malnutrition très élevés, particulièrement chez les femmes enceintes et allaitantes et chez les jeunes enfants. Pour répondre à ces enjeux majeurs de santé publique, le projet Meriem, mené par le Gret en partenariat avec une coalition d’acteurs composée de professionnels des ONG, de la recherche et du conseil au secteur privé, y teste des solutions commerciales innovantes avec des entreprises sahéliennes.
Portée par le Gret et les ministères malien et burkinabé de la Santé, la campagne de communication sociale Bébé Kodi – réalisée dans le cadre du projet Meriem – diffuse des messages pour prévenir les problèmes de malnutrition chez les femmes enceintes et allaitantes, et promeut la consommation d’aliments fortifiés de qualité couplés à une alimentation saine et équilibrée.
Tel est l’un des conseils exprimés par le bébé vedette issu des spots de sensibilisation de la campagne « Bébé kodi » (« Bébé dit quoi »). Celui-ci réagit en direct du ventre de sa mère suite aux conseils alimentaires prodigués par une sage-femme aux futurs parents. C’est sur cette tonalité originale et dynamique qu’une campagne de communication sociale pour le changement de comportement d’ampleur nationale a été lancée au Mali en novembre 2020, répliquée un mois plus tard au Burkina Faso.
Ces deux campagnes innovantes et inédites se démarquent par leur approche multicanale qui mobilise simultanément les médias traditionnels, la téléphonie mobile, les réseaux sociaux, et la proximité. Cette stratégie permet ainsi de maximiser l’impact auprès des femmes et des hommes ciblé·e·s, et ainsi de favoriser l’amélioration des connaissances et une meilleure adoption des pratiques recommandées.
L’objectif de ces deux campagnes est donc de mettre en œuvre un panel d’activités visant à promouvoir un message clair : pendant la grossesse et l’allaitement, manger diversifié et équilibré est essentiel pour la bonne santé des mères et de leurs enfants.
Placées sous l’égide des ministères de la Santé burkinabé et malien en partenariat avec le Gret dans le cadre du projet Meriem, ces deux campagnes sont mises en œuvre pour une durée de trois à quatre mois. Elles ont été développées avec le concours d’agences de communication locales et l’implication d’un partenaire clé du projet, l’agence Ogilvy.
Affiche développée dans le cadre de la campagne de sensibilisation « Bébé kodi » au Mali.
Dans les deux capitales sahéliennes, la malnutrition prend des formes diverses : sous-nutrition, carences en micronutriments, surpoids et obésité. Ni au Mali, ni au Burkina, les femmes ne sont épargnées. En effet dans ces deux pays, l’anémie, généralement provoquée par une carence en fer, touche respectivement 63 % et 49 % des femmes en âge d’avoir des enfants (femmes âgées de 15 à 49 ans). Au Mali dans la région de Bamako, plus de 40 % des femmes en âge d’avoir des enfants sont en surpoids. Enfin, au Burkina, seulement 19,4 % des femmes en âge d’avoir des enfants ont une alimentation diversifiée.
Or, le statut nutritionnel des futures mères a un impact direct sur celui des enfants et les conséquences de la malnutrition infantile sont irréversibles. En effet, elles impactent la santé des jeunes enfants et donc des futurs adultes, tant au niveau physique (retard de croissance, santé fragile) que cognitif (difficultés d’apprentissage, etc.). La lutte contre la malnutrition maternelle est ainsi l’une des clés pour prévenir le cycle intergénérationnel de la malnutrition.
Ces campagnes accompagnent la mise sur le marché et la promotion de produits locaux fortifiés pour les femmes enceintes et allaitantes car, pour Martiel Pouret, directeur du projet Meriem, « ces produits sont efficaces pour lutter contre la malnutrition seulement s’ils s’inscrivent dans un régime alimentaire adapté, diversifié et en quantité adéquate. De plus, la diffusion massive d’informations sur une alimentation adaptée permet de créer un environnement favorable à la connaissance, à la compréhension et à la consommation des produits fortifiés ».
Ces deux campagnes de communication sociale ont également l’ambition de mieux sensibiliser les hommes, généralement peu conscients de leur rôle majeur de soutien dans l’alimentation et la santé de leur femme. Comme le dit bébé : « c’est compris les papas ? ».
La diffusion des messages des campagnes est déclinée sur de nombreux supports complémentaires en messages courts et pragmatiques : « moins de sucreries, plus d’eau ». Sandrine Guissou et Maïmouna Diakité, les deux chargées de sensibilisation du Gret au Burkina et au Mali expliquent que « l’objectif est de diffuser les mêmes messages simultanément au travers d’émetteurs différents pour une meilleure crédibilité. Les messages sont ainsi largement partagés et discutés, ce qui maximise les chances qu’ils soient retenus et mis en pratique ».
Des sessions de ciné-débats dans des quartiers et centres de santé des deux capitales sont organisées par des associations locales appuyées par le Gret. Des films créés spécialement pour les campagnes sont projetés auprès de petits groupes de femmes enceintes et allaitantes et de leurs maris, séparément ou en couple. Ces projections permettent d’initier de riches échanges sur les pratiques alimentaires. « […] le bien-être des enfants ne peut être assuré sans le concours des deux parents, il appartient aux deux parents de veiller à l’évolution de la grossesse et de la maternité. J’ai beaucoup appris aujourd’hui. […] J’appelle tous les hommes à une prise de conscience », témoigne un père lors d’un ciné-débat dans le quartier de Torokorobougou à Bamako.
Des listes de diffusion WhatsApp seront également créées avec les participants aux ciné-débats, afin de partager les films, les messages des campagnes, et encourager le partage entre pairs.
Sessions de ciné-débats à Bamako
La mobilisation des participants aux ciné-débats est facilitée par les personnes influentes des quartiers (chefs de quartiers, imams, représentants des associations locales, et agents de santé) qui eux-mêmes se font parfois porte-parole des messages des campagnes.
Des versions courtes des films projetés aux ciné-débats ont également été diffusées sur des chaînes de télévision nationales et locales et des émissions radio interactives ont été organisées. Au Mali, c’est une mini-série qui a été créée et diffusée, avec 3 épisodes d’une minute chacun où l’on peut suivre les aventures des parents et s’y identifier. Rendez-vous sur la chaîne YouTube Bébé Kodi pour les visualiser, et ici pour voir le spot dédié au Burkina Faso.
De plus, au Burkina Faso, la talentueuse et engagée Malika la slameuse a accepté d’être l’ambassadrice de la campagne de sensibilisation car « il y va du bien-être de la future génération », précise-elle sur un de ses posts relayant les activités de la campagne sur sa page Facebook. Elle a spécialement composé un slam reprenant les concepts d’une alimentation équilibrée et diversifiée qui est très apprécié et permet d’atteindre une cible plus importante, au vu de son importante notoriété au Burkina Faso.
Enfin, la téléphonie mobile permet également de sensibiliser massivement la population à travers le service Viamo au Mali, et via le service AlloLaafia au Burkina Faso. Ce dernier permet d’envoyer des conseils personnalisés pour les femmes enceintes et allaitantes sur leur alimentation et les soins recommandés, par SMS. L’abonnement, gratuit, est également proposé aux maris de femmes enceintes et allaitantes.
Suivez-nous sur le site web Meriem pour connaître les actualités du projet Meriem et des campagnes de sensibilisation.
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Voir ou revoir les vidéos de sensibilisation sur la page YouTube Bébé Kodi
Le projet Meriem est mené grâce au financement de l’Agence française de développement (AFD) et de la Fondation Bill & Melinda Gates, en partenariat avec Hystra, ICI, l’Iram, l’Institut de recherche pour le développement (IRD), ThinkPlace et Ogilvy.
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