Par Agnès Béatrice Bikoko
Le syndicalisme dans notre pays est une réalité assez récente. Ressuscité en 1990 à la faveur des vastes remous politiques résultant des exigences de démocratisation de la société camerounaise, le syndicalisme en général et le syndicalisme enseignant en particulier peinent à sortir véritablement de leur coquille. Plus de deux décennies après ce réveil du syndicalisme, nous constatons que l’esprit syndical, à tous les niveaux de la vie sociale, tarde à se développer. Le processus de syndicalisation en cours aujourd’hui dans le secteur de l’éducation révèle un faible taux de participation des femmes dans les diverses organisations syndicales. Pourtant, du point de vue professionnel, la femme enseignante remplit quotidiennement toutes les tâches liées à l’exercice de son métier. Comment comprendre donc la réticence des enseignantes vis-à-vis du syndicalisme ?
Tout le monde le sait : dans notre pays, le métier d’enseignant est devenu le refuge pour bien des jeunes Camerounais qui n’ont pas pu exercer le métier de leur rêve pour une raison ou pour une autre. Nombreux sont ceux qui pratiquent l’enseignement en attendant de trouver mieux ailleurs. Quand on ajoute à cette absence de vocation, le manque de rigueur dans le choix des postulants, il est tout à fait clair qu’une large majorité d’enseignants en général et d’enseignantes en particulier n’ont pas cette conscience d’être enseignant et d’appartenir à une profession. Une telle conscience ne peut apparaître que si les uns et les autres savent ce qu’est un enseignant.
Un enseignant a la mission de former les enfants et les jeunes en vue de leur intégration dans la société. Il s’agit d’apprendre à ces jeunes enfants à lire et à comprendre leur société afin de contribuer efficacement à l’évolution de celle-ci. Pour son accomplissement, cette tâche nécessite que l’enseignant d’une part soit doté de qualités intellectuelles, humaines et morales, et d’autre part qu’il dispose de moyens appropriés.
Le thème proposé par l’Internationale de l’Education à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme (JIF 2017) à savoir « la place de la femme est…. dans son syndicat pour œuvrer en faveur de la justice et de l’autonomisation économiques » trouve tout son sens dans notre contexte au Cameroun. « Le travail de la femme est sans fin », dit la sagesse des hommes. La femme enseignante en tant qu’intellectuelle ne devrait pas aujourd’hui se contenter de râler seule dans son coin ou se permettre une démission fatale qui laisse le champ libre à tous les abus. Elle doit être efficace parce qu’elle se trouve au commencement de la vie. C’est pourquoi il est important de se regrouper afin de trouver dans la concertation, les voies pour bien jouer notre rôle dans la société et d’atteindre l’objectif qu’est la parité 50/50 d’ici à l’horizon 2030.