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L'échec de l'Accord en RDC, un danger pour l'avenir de l'éducation



  • L’avenir de l’éducation est en danger en République démocratique du Congo (RDC) suite à l’échec de l’accord du Centre diocésain du 31 décembre 2016. Aujourd’hui, la plupart des écoles de Kinshasa ont renvoyé les élèves à domicile en vue de les épargner contre les potentiels dangers causés par les manifestations dans certains coins de la ville. Celles-ci sont causées par le mécontentement de la population suite à l’échec, le 28 mars, de l’accord global et inclusif du 31 décembre 2016. Pour la énième fois, le gouvernement et l’opposition politique continuent à grignoter le calendrier scolaire 2016-2017.

    Signalons que le lundi 27 mars 2017 à 22 heures locales, était convoquée la dernière plénière du Dialogue du Centre Interdiocésain à l’issue de laquelle devaient être signés les arrangements particuliers entre la Majorité Présidentielle et l’Opposition politique en République Démocratique du Congo en vue de la mise en œuvre de l’accord global et inclusif signé sous la médiation de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO).

    Ladite plénière s’est soldée par un échec qui a, au regard de la déclaration des Evêques de la CENCO, occasionné aussi l’échec du dialogue. Par conséquent, ledit accord ne peut pas, à l’heure actuelle, être appliqué. Vu que les deux principaux protagonistes, la Majorité Présidentielle et le Rassemblement de l’opposition politique campaient chacun sur sa position, la CENCO a constaté leur mauvaise foi, tout en invitant le Président de la République à prendre ses responsabilités pour la résolution de cette crise politique.

    Peu avant l’ouverture de la dernière plénière, un mouvement de la jeunesse a, dans une déclaration de presse, demandé purement et simplement aux acteurs au dialogue de se retirer du processus si le blocage persistait. Se retirer, dans ce cas, signifierait le non-aboutissement de l’accord, ce qui mettrait le pays dans une situation de vide juridique avec toutes les conséquences que cela implique.

    Le blocage se situe singulièrement dans le mode de désignation du futur premier ministre et du Président du Comité National de Suivi de l’Accord (CNSA). La Majorité Présidentielle exige qu’une liste de trois candidats soit présentée au Président de la République en vue de la nomination du Premier Ministre du futur Gouvernement d’Union Nationale en usant de son pouvoir discrétionnaire, ce qui n’est pas du goût du Rassemblement qui soutient l’application de la lettre de l’Accord qui dit : « Le Premier Ministre est désigné par le Rassemblement et nommé par le Président de la République. » Quant au choix du Rassemblement sur la personne de Pierre LUMBI comme Président du CNSA, la Majorité Présidentielle au dialogue l’a tout simplement rejeté à l’unanimité, elle exige une personnalité qui aura le consensus de toutes les parties prenantes aux discussions directes et non pas désignée par le Rassemblement.

    A l’heure actuelle, toutes les Institutions de la République sont fin-mandat et devraient tirer, en cas de mise en œuvre, leur légitimité de l’Accord de la Saint Sylvestre dans la mesure où « les acquis de cet accord, rappelés à la rentrée parlementaire par le Président du Sénat, apporteraient,  outre l’apaisement des esprits apporté au pays à la veille de la date du 19 décembre 2016, des principaux acquis constitutionnels notamment :

    (i)                 le maintien en fonction du Président de la République en exercice jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu et son engagement renouvelé à ne pas briguer un troisième mandat, ainsi que

    (ii)               le maintien en fonction de toutes les autres institutions à mandat électif (Sénat, Assemblée nationale, Assemblées provinciales, Gouverneurs et Vice-Gouverneurs de province) jusqu’à l’installation effective des institutions correspondantes. 

    La non mise en œuvre de cet Accord soldé par un échec mettrait en danger l’avenir de l’éducation en RDC.

    Pour la Fédération Nationale des Enseignants et Educateurs sociaux du Congo (FENECO/UNTC), une éducation de qualité pour toutes et tous ne doit pas être garantie seulement avec la signature et la ratification des Objectifs du Développement Durable (ODD) dont le quatrième concerne l’offre par les gouvernements d’une éducation tout au long de la vie… dans le but d’assurer une éducation de qualité à tous les élèves et leur permettre d’être des facteurs de développement pour leurs pays. Une éducation de qualité pour toutes et tous doit aussi être garantie par un environnement paisible et sécurisé considéré comme un lieu propice de mise en œuvre de l’ODD4. Un tel environnement doit être créé dans le cadre d’un exercice démocratique du pouvoir qui garantit un processus électoral transparent, équitable et crédible, tant aux yeux de la population que des protagonistes politiques. L’organisation d’un tel processus électoral était l’un des objectifs assignés à l’Accord qui n’a pas abouti, faute de la signature des arrangements particuliers.

    Désormais, l’avenir de l’éducation dépend du déblocage de la situation de crise politique actuelle en RDC. Ce déblocage devrait permettre l’organisation d’un processus transitoire paisible propice à la mise en œuvre de l’ODD4 , à condition, cette fois, de l’implication personnelle du Président de la République.

    Actuellement, le secteur de l’éducation connait de nombreux problèmes qui entravent la qualité de l’enseignement/apprentissage et qui s’érigent en obstacles face à la réalisation de l’ODD4. Ces problèmes concernent notamment des salaires précaires, l’existence des enseignants non payés et omis des listings de paie, un dialogue social qui n’est pas de qualité… Qu’adviendra-t-il dans le contexte de l’échec de l’Accord du Centre Interdiocésain ? Son aboutissement était espéré à la fois par l’ensemble des catégories socio-politiques nationales et les organisations régionales et internationales auxquelles appartient la République Démocratique du Congo. 

    La FENECO/UNTC s’inquiète que l’échec de l’Accord n’accentue les problèmes du secteur de l’éducation et mettent à mal la mise en œuvre de l’ODD4. L’éducation étant comptée parmi les secteurs-clés du développement d’une nation, elle émet, en marge de l’appel des Evêques au Président de la République, le vœu de voir ce dernier mettre tout en œuvre en vue du déblocage de cette situation politique de laquelle dépend aussi l’avenir de l’éducation.

     

    Par : Zino Diasitua Zingu et Claude Mbala

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