Par Agnès Béatrice Bikoko
Dans plusieurs secteurs de l’économie, les femmes sont de moins en moins représentées,
Mars, mois de la femme est occasion de réfléchir et progresser vers l’égalité des genres et l’autonomisation de toutes les filles et les femmes. Commémorée pour la première fois il y a 100 ans, la Journée internationale de la femme (JIF) s’est transformée en une célébration mondiale des combats passés et des réussites des femmes et, plus encore, en une occasion de regarder vers l'avenir pour le potentiel inexploré et les opportunités qui se présenteront aux générations futures de femmes. Se joignant à l’ensemble de la communauté internationale, la femme camerounaise a tenu elle aussi à marquer de son empreinte cette célébration. Elle a mené un ensemble d’activités qui s’inscrivaient dans le cadre de la lutte pour ses droits et devoirs, son émancipation et surtout la prise en compte de son potentiel et de sa contribution dans le processus de création des richesses. Dans l’ensemble tout s’est bien passé.
Mais en y regardant de plus près, on se rend malheureusement compte que beaucoup reste encore à faire pour que la femme camerounaise s’épanouisse dans un environnement professionnel en pleine évolution et très influencé par des clichés liés au genre et des pesanteurs sociales, traditionnelles et anthropologiques. Dans ces conditions, la parité 50-50 annoncée à l’horizon 2030 risque de ne pas voir le jour. Pourtant, si la femme a accepté ce challenge, c’est bien en vertu de son dynamisme et de son engagement à être elle-même l’artisane de son émancipation. L’épanouissement de la femme camerounaise au travail reste un long chemin parsemé d’embuches, de chutes et de désillusions. Heureusement, c’est une amazone qui sait se réinventer, s’adapter au pire des environnements, et donc capable de se relever de ses chutes. Mais ces efforts à eux seuls ne suffisent pas.
Dans plusieurs secteurs, elles peinent à imposer leurs marques. Elles restent sous-représentées, sous exploitées et marginalisées. Ces le cas dans les secteurs en plein essor comme celui du numérique où la femme camerounaise traine encore la patte, bien qu’elle soit la première utilisatrice de l’outil internet dans sa vie professionnelle ou privée.
De la formation aux TIC à la pratique, beaucoup reste encore à faire pour que les femmes camerounaises jouent pleinement leur rôle de moteurs de croissance en prenant appui sur le numérique.
Pour faire basculer la tendance, il faut agir sur certains leviers. On peut citer entre autres :
faire découvrir les métiers des TIC et leurs débouchés dans les établissements d’enseignements secondaires,
valoriser et célébrer les femmes qui ont une carrière dans ce secteur pour lutter contre les stéréotypes qui dissuadent les filles de se tourner vers ces filières qui sont devenues ainsi la chasse gardée des garçons,
mettre en place des programmes d’appui et d’accompagnement des femmes ayant choisi de faire carrière dans les métiers technologiques, exiger des quotas d’admission pour femmes dans des écoles d’ingénierie.
Mais pour cela, des politiques spécifiques doivent être mises en place pour stimuler, éduquer, former et informer les femmes sur les opportunités du numérique et sur son impact dans leurs luttes et revendications.
Une chose est sûre, le développement des Etats africains dans les vingt prochaines années repose sur une meilleure combinaison du potentiel féminin et des opportunités du numérique.