L'accès à l'énergie solaire change le décor dans onze villages. Après avoir gagné le pari de l'eau courante dans 114 villages sur les 115 que compte la communauté rurale de Mérina Dakhar où vivent 31 476 habitants, le conseil rural, sous la conduite de son président Aymérou Gningue veut relever le défi de l'éclairage public. Il compte aussi régler la question de l'inactivité des populations durant les neuf fois de la saison sèche.
A Mérina Dakhar, l'accent est mis sur l'énergie solaire dans une zone où le soleil darde ses rayons durant toute l'année.
Un partenariat entre la communauté rurale de Mérina Dakhar, l'association italienne " Energie pour le développement Pontassive" de la région de Florence, l'agence régionale de développement de Thiès (Ard) et la Sénélec, a débouché sur l'électrification de 11 villages. Depuis 6 mois, les places de ces villages sont éclairées.
Selon Aymérou Gningue, le président de la communauté rurale, les villages ciblés sont éloignés d'au moins 5 kilomètres de la ligne de la Sénélec. " Sans cette initiative, ces villages seraient privés de courant de longues années encore faute d'un programme en vue ", souligne-t-il.
Une fois le transfert de technologie acquis auprès des partenaires italiens, la communauté rurale s'est approché de la Sénélec qui lui a offert 60 poteaux usagers et l'Ard, à travers une convention de financement, a contribué à l'achat des batteries entre autres pour une valeur de 5 millions de Fcfa. Grâce à la conjugaison de ces efforts, les 11 villages de cette contrée du Cayor sont sortis de l'obscurité.
Au cours d'une tournée, vendredi dernier, le président Aymérou et la délégation italienne conduite par Fabrio Chelli, ont échangé avec les populations sur l'apport de l'éclairage public ou du courant à partir de la photovoltaïque.
Dans presque tous les villages parcourus, deux panneaux de 230 watts sont montés sur le toit soit 460 watts pour capter l'énergie solaire transformée en courant et emmagasinée dans des batteries.
A l'aide d'une boîte, le réglage de la tension, du chronogramme, de l'allumage et de l'arrêt des lampadaires, est programmé ;
sans compter les sources pour recharger les téléphones portables, alimenter l'amplificateur en charge des haut-parleurs de la mosquée et la lumière. Outre ces lieux et certains endroits, la case de santé et l'école bénéficient aussi de l'éclairage.
La place du village sous l'éclairage des lampadaires
A Koudiane et à Loucouk Ciss, deux villages visités en pleine nuit, enfants, jeunes et adultes étaient réunis sur la place du village sous l'éclairage des lampadaires.
Il était plus de 21 heures. Aux yeux des populations, l'accès à l'éclairage public leur apporte un plus au plan de la sécurité.
Selon Alé Mbengue, un jeune de Koudiane, en cette période où la nuit tombe vite, le village est animé jusqu'à l'heure où la lumière s'éteint aux environs de 23 heures. Un avis partagé par tous les jeunes interrogés dans les autres villages.
A Loucouk Mbaye, les élèves sont satisfaits et remercient les autorités locales car, la nuit, ils se rendent sur la place du village pour faire leurs devoirs et revoir leurs cours en toute quiétude.
Et la dame Dior Seck d'ajouter : " pendant l'hivernage, le risque d'être mordu par un serpent en faveur de l'obscurité est amoindri et nous pouvons, désormais, envoyer nos enfants à la boutique, la nuit, sans arrière pensée ".
Les populations ont exprimé le besoin de bénéficier de cette technologie photovoltaïque dans leurs concessions, mais aussi au niveau de leurs forages pour pouvoir s'adonner à la culture maraîchère en vue d'accroître leurs revenus.
Sur toutes ces interrogations, le Pcr de Mérina Dakhar, Aymérou Gningue a tenu à rassurer les populations. En ce qui concerne l'accès des concessions à ce service, il indique que des études vont être menées afin d'établir la part que devra supporter l'usager et celle qui reviendra au partenariat.
" Je ne crois pas du tout au système de la gratuité. Le paiement intégral de la taxe rurale fait partie des critères d'éligibilité à ce projet ", explique-t-il.
Quant à l'utilisation de pompes solaires dans les forages afin de faciliter l'apport en eau pour des périmètres maraîchers, le projet sera expérimenté autour des villages de Thiepp , Teugou Djiné, Dalakh entre autres.
Selon lui, une fois cette approche communautaire de l'accès à l'eau réussie dans l'exploitation agricole, elle sera démultipliée en fonction des moyens disponibles.
" L'éclairage public dans nos villages sera élargi à 25 autres d'ici la fin du mois de juin prochain ", ajoute-t-il. Il a aussi rappelé que son objectif reste 50 villages avant la fin de son mandat en 2014.
Face à l'enthousiasme suscité chez les populations, Fabrio Chelli, chef de la délégation italienne, a dit sa satisfaction devant les résultats obtenus. Une autre convention liant les deux partenaires a été signée.
Mbaye Ba
Le Soleil