Avec l'appui financier de ses partenaires, la Guinée est en train d'effectuer d'importants travaux pour l'amélioration de la fourniture d'eau potable des populations ainsi que pour la réhabilitation et l'extension des réseaux électriques de la capitale, Conakry. Mais les Guinéens restent sceptiques.
La Guinée est qualifiée de château d'eau de l'Afrique de l'ouest car les fleuves Niger, Sénégal et Gambie prennent tous leur source dans ce pays. Il est aussi le plus arrosé de la sous-région, avec plusieurs fleuves et affluents. Ces cours d'eau sont des atouts pour la pratique d'une agriculture extensive et pour la construction de grands projets hydroélectriques.
Malgré ces nombreuses ressources naturelles, la Guinée est confrontée à des problèmes d'électricité et d'accès à l'eau potable. Cette situation affecte les conditions de vie des Guinéens et freine le développement économique du pays.
Pour faire du rêve "Eau et électricité pour tous" une réalité, les différents régimes qui se sont succédé au pouvoir, ont fait des promesses, mais le problème persiste toujours. En mai 2009, la junte militaire avait lancé une campagne de construction de forages dans certaines zones défavorisées de Conakry, pour, disait-elle, "mettre fin au spectacle désolant de ces centaines de femmes et d'enfants, bidons et bassines en main, en quête perpétuelle d'eau".
Mais, le projet n'a pas eu les résultats escomptés à cause d'un manque de financement extérieur. La corruption, qui gangrène le système de gestion du secteur de l'eau et de l'électricité, avait également contribué à l'échec du programme, selon des analystes.
Aujourd'hui, un rapport du ministère de l'Energie montre que le parc énergétique guinéen reste toujours caractérisé par des équipements vétustes, des coûts de production élevés, un endettement excessif, le manque de capacité managériale des gestionnaires.
Cependant, les nouvelles autorités, au pouvoir depuis décembre 2010, ont entrepris des efforts pour doter le pays d'équipements d'adduction d'eau et d'électricité afin de mettre fin aux longues pénuries d'eau et aux délestages fréquents.
"Nous avons initié et préparé le 4ème projet Eau de Guinée", déclare Papa Koly Kourouma, ministre de l'Energie. Selon lui, ce projet vise la couverture de l'ensemble des 33 centres urbains du pays, l'augmentation de la consommation de 40 à 63 litres par jour et par personne à l'horizon 2015 à Conakry et à 55 litres par jour et par personne dans les centres de l'intérieur du pays.
Le coût du projet est de 15,77 millions de dollars et le financement est assuré par la Banque islamique de développement (BID). "Au regard de tous ces chantiers engagés ça et là, il y a bel et bien de quoi avoir des raisons d'espérer", a ajouté Kourouma au cours d'un point périodique fait sur l'évolution des travaux, en février, devant des journalistes.
Le nouveau projet vise l'amélioration des installations de production, de transport, de stockage et de distribution d'eau, notamment la réhabilitation de 15.000 branchements sociaux existants. Quatre forages d'une capacité globale de 4.000 mètres cubes par jour seront réalisés et équipés à Kakimbo, un quartier de la capitale.
Dans le secteur de l'énergie, des travaux de réhabilitation et d'extension des réseaux électriques de Conakry sont en cours et cofinancés par la BID et la Banque africaine de développement (BAD) à hauteur de 193,937 millions d'euros. Des centrales thermiques d'adjonction pour la desserte en électricité de la zone de Conakry sont également en construction sur certains sites.
Le nombre d'abonnés de la Société des eaux de Guinée (SEG) est de 110.415 dans tout le pays, selon la SEG, tandis que Electricité de Guinée (EDG) compte quelque 60.000 abonnés dans la région de Conakry qui bénéficie essentiellement de la fourniture d'électricité.
Mais les Guinéens expriment des sentiments mitigés sur ces chantiers en cours.
Ramatoulaye Barry, étudiante en sociologie à l'Université de Conakry, déclare à IPS: "J'espère que ces efforts seront couronnés de succès et que les populations ne seront plus emmenées à manifester leur ras-le-bol par la violence".
"Le forage est une solution provisoire. Mais en général dans notre pays, le provisoire devient définitif", déplore Mamady Touré de l'organisation non gouvernementale (ONG) locale 'Guinée is back'. L'ONG veut des solutions durables comme un réseau moderne d'adduction d'eau: de la production à la distribution dans les ménages.
Rachid Sylla, un technicien en montage de forages, affirme que ces ouvrages n'ont pas que des avantages. Techniquement, explique-t-il à IPS, "il peut y avoir des fissures sur les édifices si les pompages devraient être très importants et localisés".
Pour Alpha Camara, un agent de la SEG à la retraite, "il est impératif d'engager un programme de construction de barrages hydroélectriques. Dans les zones rurales, en attendant les micro-barrages, il faut creuser des puits modernes pour l'eau potable et installer des équipements de captage de l'énergie solaire".
La population guinéenne est de 10,6 millions habitants, selon une estimation officielle de 2011. Et un Guinéen sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté, avec moins d'un dollar par jour, selon un rapport de 2010 du Programme des Nations Unies pour le développement. (FIN/2012).
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