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Une action d'urgence pour réduire la pauvreté mondiale



  • WASHINGTON, le 12 avril 2005 — Une action énergique doit être menée d’urgence pour réduire l’extrême pauvreté et améliorer les perspectives économiques et sociales des populations des pays en développement, conformément aux objectifs essentiels que sont les objectifs de développement pour le Millénaire (ODM), souligne un rapport publié aujourd’hui par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

    « La crédibilité de la communauté du développement tout entière est en jeu comme elle ne l’a encore jamais été », a déclaré le Président de la Banque mondiale, James Wolfensohn, en présentant la deuxième édition annuelle du Rapport de suivi mondial, intitulé ODM : Du consensus à l’élan. « Il appartient maintenant aux pays riches d’honorer les promesses qu’ils ont faites en termes d’aide, d’échanges commerciaux et d’allégement de la dette, et les pays en développement — surtout en Afrique subsaharienne — doivent viser plus haut et faire mieux du point de vue de leurs propres politiques et mesures de gouvernance, et pour ce qui est de mieux tirer parti de l’aide. »

    Le Rapport de suivi mondial 2005 s’inscrit dans un effort d’inventaire étalé sur cinq ans et destiné à suivre les progrès réalisés en vue d’atteindre les ODM en 2015. Plus de 180 dirigeants du monde entier ont adopté à l’unanimité ces objectifs lors du Sommet du Millénaire, en septembre 2000 à New York. Le rapport sera examiné par les ministres des finances, responsables des banques centrales et ministres du développement rassemblés à Washington à l’occasion des réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI. Il constituera également un important élément de discussion pour la réunion des chefs d’État du G8 qui doit se tenir en juillet prochain au Royaume-Uni, et pour le Sommet des Nations Unies sur les ODM, en septembre.

    À dix années seulement de l’échéance fixée, les progrès accomplis dans le sens des ODM sont plus lents et plus inégaux d’une région à l’autre qu’on ne l’avait initialement envisagé, et l’Afrique subsaharienne est bien loin du compte. En appelant à une intensification de l’effort mené, le nouveau rapport souligne les possibilités qu’offre l’amélioration des résultats économiques observée ces derniers temps dans beaucoup de pays en développement. Il définit un programme d’action en cinq points pour parvenir à des progrès plus rapides :

    Faire en sorte que les pays prennent en main l’effort de développement. Démultiplier l’impact du processus de développement grâce à des stratégies de lutte contre la pauvreté contrôlées et menées par les pays eux-mêmes.

    Créer un environnement plus porteur pour une croissance économique tirée par le secteur privé. Renforcer la gestion budgétaire et la gouvernance, assouplir le cadre de l’activité économique et investir dans les infrastructures.

    Développer les prestations de services essentiels au développement humain. Accroître rapidement l’offre de personnels de santé et d’enseignants, apporter des concours financiers plus importants, et dans des conditions plus souples et prévisibles, pour ces services à forte intensité de coûts récurrents, et renforcer les capacités institutionnelles.

    Démanteler les barrières commerciales. Pour cela, mettre en œuvre un ambitieux Programme de Doha, et notamment une réforme majeure des politiques commerciales agricoles, et renforcer en outre « l’aide pour le commerce ».

    Doubler l’aide au développement dans les cinq années à venir. En plus de cela, améliorer la qualité de l’aide, en assurant des progrès plus rapides pour sa coordination et son harmonisation.

    « Afin d’atteindre l’objectif d’une réduction de moitié de la pauvreté d’ici à 2015, l’Afrique subsaharienne doit relever sensiblement ses taux de croissance annuelle du PIB — pour parvenir aux alentours de 7 % sur les dix années qui viennent, soit en gros le double du taux de croissance actuel de la région », a déclaré Anne O. Krueger, Première Directrice générale adjointe du FMI. « S’il est clair que les mesures intérieures à prendre pour assurer un tel décollage sont propres à chaque pays, les grandes priorités sont une bonne gestion macroéconomique, un climat porteur pour une croissance tirée par le secteur privé et une ferme gestion du secteur public. »

    Au cours des cinq dernières années, beaucoup de pays ont affiché des progrès en matière de politiques et de gouvernance économiques. L’essor du commerce mondial et une spectaculaire réduction de la pauvreté dans certains pays représentent des motifs d’espoir pour les autres. En Chine, la croissance enregistrée entre 1981 et 2001 a réduit de 64 % à 17 % la proportion de la population vivant dans la pauvreté absolue, ce qui représente 400 millions de personnes. Pour sa part, le Viet Nam a réduit l’extrême pauvreté de 51 % en 1990 à 14 % en 2002. L’objectif consistant à réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015 sera probablement atteint au niveau mondial, mais pas en Afrique subsaharienne si cette région ne parvient pas sous peu à des progrès plus rapides.

    On note toutefois une amélioration des conditions nécessaires à un renforcement des performances économiques de l’Afrique subsaharienne : en effet, 12 pays africains connaissent actuellement des poussées de croissance supérieures aux tendances pour la région — avec une croissance moyenne du PIB de 5,5 % ou plus sur les dix dernières années.

    C’est dans le domaine de la santé que les perspectives de réalisation des ODM sont les plus sombres. En l’état actuel des choses, la majorité des pays ne sont pas en mesure d’atteindre les objectifs consistant à réduire la mortalité maternelle et infantile et à assurer l’enseignement pour tous. De fortes augmentations s’imposent au niveau de l’offre d’enseignants, de médecins, d’infirmiers et d’agents de santé communautaires. L’Afrique, par exemple, a besoin de multiplier par trois ses effectifs en personnels de santé d’ici à 2015, soit 1 million de personnes de plus.

    « Derrière les froides données des ODM, il y a des êtres réels, et le manque de progrès a des conséquences bien réelles, et tragiques », a déclaré le principal auteur du rapport, Zia Qureshi, de la Banque mondiale. « Toutes les semaines, 200 000 enfants de moins de 5 ans meurent de maladies. Toutes les semaines, 10 000 femmes meurent en accouchant. Rien qu’en Afrique subsaharienne cette année, 2 millions de personnes vont mourir du sida. Au niveau mondial, plus de 100 millions d’enfants des pays en développement ne sont pas scolarisés. »

    Selon le rapport, la réalisation des ODM nécessitera une multiplication par deux du montant de l’aide publique au développement (APD) atteignant les pays les plus pauvres. M. Wolfensohn a exhorté les bailleurs de fonds à mettre à profit cette année de bilan pour accroître leurs engagements et signaler qu’un appui est disponible pour la réalisation des ODM. « Ce qui est en jeu, ce ne sont pas seulement les perspectives, pour des centaines de millions de personnes, d’échapper à la pauvreté, à la faim et à la maladie, mais aussi les perspectives de sécurité et de paix à long terme, qui sont intrinsèquement liées au développement », a-t-il dit.

    Bien que les volumes d’aide aient augmenté depuis la Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’était tenue en 2002 à Monterrey et durant laquelle les bailleurs de fonds s’étaient engagés à fortement accroître l’aide en faveur des pays les plus pauvres, pas moins des deux tiers de cette augmentation sont à mettre au compte d’allégements de dette et d’activités d’assistance technique. Le besoin d’aide se fait sentir d’une manière particulièrement aiguë en Afrique subsaharienne. Dans le contexte de reformes en cours, plusieurs pays dans la région pourraient mettre en oeuvre, de manière efficace, un doublement des fonds d'aide au développement qu'ils reçoivent actuellement et ce, au cours des cinq prochaines années.

    Source: Banque Mondiale
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