Voici le premier d'une série de cinq articles sur certains des groupes, programmes et propositions qui ont été discutés les 4 et 5 novembre à Washington sous l'égide d'Africa Gathering.
Par Jeff Baron
Rédacteur
Washington - L'association sans but lucratif Solar Sister part d'un principe simple : les millions d'Africains qui n'ont pas l'électricité peuvent avoir accès à l'énergie solaire en se tournant vers une source en laquelle ils ont confiance, en l'occurrence leurs voisins.
Cette ONG s'emploie à construire un réseau de femmes qui sont disposées à présenter des produits solaires, dont des lampes et des chargeurs de téléphones portables, à leurs voisines et amies. Elle a ainsi recruté plus de 150 femmes à l'âme d'entrepreneur, dont la plupart se trouvent en Ouganda, et elle élargit ses opérations au Rwanda et au Malawi. Sa fondatrice et présidente, Mme Katherine Lucey, est convaincue que ce concept peut être poussé encore plus loin.
" Il y a 1,6 milliards d'habitants de la planète qui n'ont pas accès à une énergie propre, au réseau. C'est un marché de mille milliards de dollars par an, fait-elle observer. Et si vous cherchez qui tient les cordons de la bourse au niveau des ménages pour ce marché de mille milliards de dollars par an, vous trouverez les femmes. Ce sont les femmes qui dépensent 2 ou 4 dollars par semaine pour acheter du kérosène... La meilleure façon d'atteindre une consommatrice, en particulier quand on propose une toute nouvelle technologie, c'est de la mettre en contact avec une personne de confiance, une autre femme par exemple, qui peut lui dire : moi, je me sers de la lampe solaire à la maison. Mes enfants passent plus de temps à faire leurs devoirs le soir. Je n'ai pas eu d'incendie à la maison. Mon bébé ne s'est pas brûlé. J'économise 30 % de notre revenu parce que je n'ai plus besoin d'acheter de kérosène. "
D'où la méthode employée par Solar Sister : elle compte sur un réseau de femmes qui montrent divers produits solaires à leurs voisines et amies de leur communauté, les vendent et touchent une commission sur chaque commande. Les femmes n'ont rien à payer, ni pour leur formation ni pour l'accès à l'inventaire dont elles ont besoin pour monter leur entreprise. " Quand elles vendent ce qui est en stock et qu'elles touchent de l'argent, elles gardent leur commission et remboursent le prix des produits vendus ", explique-t-elle.
Les premiers produits sont faciles à vendre. Il s'agit de lampes solaires qui évitent aux ménages d'acheter du kérosène ainsi que de chargeurs solaires qui leur évitent de payer une redevance pour recharger leurs portables. " Dans l'Ouganda, où nous sommes, 75 % des habitants ont un portable ; 5 % seulement ont l'électricité. Ils doivent se déplacer pour le faire recharger, et cela leur coûte de l'argent ", précise Mme Lucey.
Ce qu'espère Solar Sister, c'est vendre des produits plus coûteux quand elle aura gagné la confiance de ses clients. Elle propose en effet des systèmes d'éclairage pour toute la maison, des pompes d'arrosage, des purificateurs d'eau et des fours de cuisson. " Si vous avez un four non polluant, cela veut dire que vous n'avez pas besoin de faire de longues marches pour aller chercher du bois de chauffage, et vous gagnez du temps. Ce temps gagné, vous pouvez l'utiliser pour faire quelque chose de plus productif ", commente-t-elle.
À ses débuts, Solar Sister a été financée par la famille et les amis de Mme Lucey. La société ExxonMobil, par le biais d'une initiative visant à encourager les possibilités économiques des femmes, assume les frais de l'élargissement de ce programme ougandais et de son calque en Afrique de l'Ouest. Chaque programme est censé devenir autonome.
" Nous avons des ambitions à l'échelle mondiale, assure Mme Lucey. La pauvreté énergétique est un enjeu planétaire. La nécessité d'offrir des possibilités économiques aux femmes en est un autre. "
Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html
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