Depuis quelques années le phénomène du médicament de la rue est devenu très banal. Dans les grandes villes aussi bien que dans l’arrière-pays, ces pharmacies d’un autre genre rivalisent avec les officines agréées par le ministère de la santé. Au début c’était la vente des aspirines, Efferalgan et autres médicaments génériques. Au fils des années, la pauvreté aidant, le médicament de la rue a pignon sur rue. Malgré les descentes musclées des autorités publiques de la santé pour mettre fin à cette activité, cette dernière résiste. Des enquêtes menées, il ressort que ce sont les personnels de la santé qui ont créé cette activité, avec parfois l’aide des délégués médicaux, d’ailleurs il n’est pas rare, nous a-t-on indiqué qu’un médecin vous fasse une prescription médicale et qu’à la suite, l’infirmier en charge d’administrer le traitement vous dise qu’il peut vous vendre ce produit ainsi que d’autres accessoires de soins, devenant ainsi un démarcheur, un représentant commercial sanitaire. Ces pratiques se sont perfectionnées et dans le but de contourner les mesures de surveillance mises en place par les autorités et l’administration hospitalière, la vente des médicaments s’est progressivement déplacée et a envahi les abords des structures sanitaires dans un premier temps, les carrefours, alentours des stationnements et gares routières dans un second temps.
Qu’est-ce qui fait problème ?
Sur les étiquettes de la plupart des médicaments vendus dans les officines d’ici et d’ailleurs, figure en bonne place la mention « à conserver à l’abri de la chaleur ». Nous pensons que cette mention indique que le médicament doit être conservé à une température bien définie. Or ces derniers temps, une chaleur indescriptible sévit dans notre pays en général et dans les villes de Douala et de Yaoundé en particulier. Que devient donc le médicament qui doit être conservé à l’abri de la chaleur et qui pourtant se retrouve sur un étal en bordure de la route sous cette chaleur ? Sûrement, la chaleur détruit le principe actif du médicament dans le meilleur des cas ou alors il le transforme simplement en poison mortel.
Le fait-on en connaissance de cause ?
La réponse serait oui et non. Oui pour les personnels sanitaires qui se livrent à cette activité en raison de la modicité des moyens dont dispose la grande majorité des usagers de nos hôpitaux publics, non pour la population qui se rue vers ces produits en raison de leurs conditions de vente plus abordables que dans les pharmacies agréées (vente au détail avec des prix plus bas).
Que faut-il faire ?
Nous tirons la sonnette d’alarme sur cette pratique. Si les fabricants s’évertuent à imprimer en clair sur les boites de médicaments que les produits soient conservés à l’abri de la chaleur, c’est pour éviter que des intoxications ou autres accidents surviennent suite à la consommation de leurs produits. Il est donc grand temps que la lutte contre ce phénomène soit décentralisée et qu’elle devienne une affaire de tous et de chacun. Dès l’école, l’attention des élèves doit être tirée sur cette pratique. Les risques et les dommages encourus doivent être indiqués afin que nul n’en ignore sur le phénomène du médicament de la rue.
Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités en instaurant une assurance santé universelle qui permettrait, même au plus démunis, d’avoir une couverture sanitaire. Le Cameroun a les moyens de la faire mais il manque la volonté politique pour des raisons que tout le monde connaît ; suivez mon regard.
07/10/24 à 12h30 GMT