En RD Congo, 145 000 enseignantes et enseignants qui ne reçoivent aucun salaire, et ce, depuis plusieurs années. C’est ce dont ont discuté un groupe d’enseignantes et d’enseignants dans un cercle d’étude.
Une mission québécoise en RDC
Depuis le 21 mars dernier, des enseignantes et enseignants d’une trentaine d’écoles de Bandundu se réunissent une fois par semaine pour tenir des cercles d’études.
Bandundu est une petite ville située à environ 300 kilomètres de la capitale Kinshasa et le chef-lieu de la province du Kwilu. Elle est l’une des trois villes avec Kinshasa et Matadi où ces cercles d’études sont implantés grâce à un projet mené par les syndicats de l’éducation affiliés à l’Internationale de l’Éducation (IE), la FENECO-UNTC, le SYECO et la CSC-Enseignement, et subventionné par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), l’IE et un syndicat suédois, Lararforbundet.
Du 26 au 28 mars, une délégation composée du secrétaire général de la FENECO, Augunstin Tumba, du responsable des relations internationales de la CSQ, Luc Allaire, et de la rédactrice de Médiaterre en RDC, Zino Diasitua, s’est rendue à Bandundu pour rencontrer les membres de cinq cercles d’études. Ils ont pu se rendre compte de l’intérêt porté par ces enseignantes et enseignants à ces cercles d’études.
Qu’est-ce qu’un cercle d’études ?
Dans le fascicule qui a été distribué aux membres de ces cercles, on peut y lire la définition des cercles d’étude :
Le cercle d’étude est une méthode de formation par la discussion en petits groupes de 7 à 13 personnes pour :
- Acquérir de nouvelles connaissances;
- Traiter les problèmes en vue de trouver des solutions par des actions adéquates en milieu de travail.
Les cercles d’étude, à l’instar des palabres africaines, permettent de recueillir les avis et les considérations des membres et constituent ainsi un système d’organisation démocratique dont la prise de décisions prises et leur exécution engagent le plus grand nombre de personnes dans l’établissement.
La syndicalisation
Le 27 mars, la délégation internationale a pu assister aux activités de cinq cercles d’études dont le sujet de discussion portait sur la syndicalisation. Ils ont discuté des origines du syndicalisme et ont dû admettre que l’un des éléments principaux qui est à l’origine du syndicalisme, les salaires de misère, est d’une terrible actualité en RDC.
« Les salaires versés aux enseignants sont tellement bas que ceux-ci ne peuvent même pas s’acheter un vélo pour aller travailler. La moto, on n’en rêve même pas », a déploré un enseignant.
Une participante a renchéri en parlant du fait qu’il y a 145 000 enseignantes et enseignants qui ne reçoivent aucun salaire, et ce, depuis plusieurs années. Or, le gouvernement congolais ne pallie cette situation que très lentement. En effet, il n’inscrit que 5 000 enseignants par année dans le système permettant le versement bancaire des salaires. À ce rythme, il faudra attendre en 2050 pour que tous les enseignants soient payés. « Sans compter les nouveaux enseignants qui seront embauchés d’ici là », a souligné un participant.
Y a-t-il une solution? « Les syndicats enseignants doivent faire des plaidoyers », a proposé une participante. Cependant, la division syndicale en RDC ne facilite pas les choses. En effet, il y a 29 syndicats de l’éducation, dont plusieurs sont inféodés au pouvoir que l’on décrit comme des « syndicats mallettes ». L’unité syndicale apparait dans ce contexte comme une nécessité absolue.
07/10/24 à 12h30 GMT