Élizabeth-Ann Doyle est avant tout une passionnée. Relationniste devenue femme d'affaire, elle est aujourd'hui à la tête de MU. Entreprise d'économie sociale, MU offre des services de gestion et de conseils pour la réalisation de murales. Par la production artistique respectueuse de l'environnement dont l'objectif est l'amélioration de la qualité de vie en ville, l'entreprise carbure au... rêve. Passion et expertise convergent chez MU dans l'atteinte de solutions novatrices à des problématiques telles que l'insertion sociale ou l'embellissement du cadre urbain. Deux conditions favorisant la cohésion sociale.
Co-fondatrice de MU, Elizabeth-Ann Doyle est une Montréalaise d'origine connue pour son dynamisme. Après plusieurs années au sein du milieu culturel, elle décide de se lancer en affaires. Se qualifie t'elle comme une entrepreneure sociale ? " Je suis une entrepreneur traditionnelle, j'applique mon expérience en gestion de projets et en administration par exemple - mais je n'aurais jamais fondé un autre type d'organisation que celle-ci ; une organisation axée sur les arts et pour le bien commun - j'imagine que c'est ça une entrepreneure sociale ? "
Active dans le milieu culturel sur le plan professionnel et passionné par l'art, sont idée est simple : faire de Montréal une galerie à ciel ouvert par la réalisation de murales. Comme deux des ingrédients d'une recette réussie en entrepreunariat social sont la simplicité et l'innovation, MU ne pourra que continuer sur sa lancée. En 2008, MU a gagné le Concours québécois en entrepreuneuriat au volet Création d'entreprise dans la catégorie Économie sociale. Les deux cofondatrices de MU ont aussi gagné le prix d'entrepreneure féminin de l'année.
Dès 2007 MU entreprenait une première murale dans un secteur défavorisé du quartier Saint-Michel à Montréal. Depuis, MU s'est attaqué à cinq autres projets d'envergure. Parmi les thématiques sur lesquelles les artistes associés à l'entreprise se sont penchés : " rencontre entre les cultures " ou " célébrez la diversité ". Les murales peuvent prendre plusieurs formes, que ce soit des oeuvres d'art picturales, figuratives, abstraites, trompe-l'oeil, etc.
Simple en apparence, le succès de tels projets d'entrepreunariat social repose sur l'utilisation d'expertises pointues. Si le travail de toute l'équipe est important, Elizabeth-Ann Doyle explique que " le travail de mise en commun des ressources est parfois complexe mais essentiel". Son travail est notamment d'agir comme entremetteuse entres les artistes, les résidents, les groupes communautaires ou les diverses instances gouvernementales. " Nous entreprenons nos projets en partenariat avec les pouvoirs publics et le secteur privé. Pour nous il ne s'agit pas d'acteurs neutres ; ils nous accompagnent du début à la fin dans de tels projets. Nous sommes les facilitateurs mais notre objectif est que tous les acteurs partagent une vision commune ".
Elizabeth-Ann Doyle explique en outre qu'elle considère la réalisation d'un projet comme un voyage. " Lorsque je prépare un voyage c'est une expérience souvent aussi intense que le voyage lui-même. C'est la qualité de la démarche qui sera souvent gage de succès ". Elle poursuit par une autre analogie en expliquant que " telle que pour la mise en place d'une démarche en durabilité, la vision qui dynamise l'action est souvent accompagnée d'innovations inattendues (...) on a vu des petits coins de la ville revivre après un coup de pinceau. C'est très gratifiant ". La plus belle murale qu'elle ait vue " celles de Diego Rivera au Palacio Nacional à Mexico City, mais celle de MU dans le quartier Saint-Michel arrive en 2e place ; une murale de Yannick Picard, notre première réalisation".
Il existe de nombreux exemples de quartiers défavorisés qui, grâce à l'apport d'art public, se reconvertissent pour devenir des noyaux de redynamisation urbaine. Cela cadre avec les plans d'urbanisme de nombreuses villes comme Montréal qui misent sur la qualité de vie qu'apportent les projets à échelle humaine.
Elizabeth-Ann Doyle explique en outre qu'une murale est souvent vu comme un geste symbolique de réappropriation d'un quartier. " Un peu comme un vieil appartement que l'on repeint ; ça fait redécouvrir un lieu et c'est instigateur d'autres changements positifs. On a ainsi observé qu'il y avait moins de déchets jetés à la rue aux abords de murales urbaines. Il y a aussi moins de graffitis sur les murs où se trouvent des murales. En général, les jeunes respectent les oeuvres d'art. La réalisation de murales peut donc être avoir de conséquences positives sur un quartier. C'est ce que j'appelle la qualité de vie. Ce que plusieurs définissent comme une des facettes du développement durable ".
Elizabeth-Ann Doyle souligne que les muralistes proposent souvent une évasion de la réalité urbaine ; " je la considère comme une réaction face à un écosystème de béton ; ils mettent de la diversité et de la couleur là où il fait gris. La mue (MU) évoque d'ailleurs l'arrivée d'une nouvelle peau sur les murs de la ville. On parle peu de biodiversité urbaine, je vois là une thématique à exploiter dans le futur ". Diversité culturelle et biodiversité sous la palette d'un collectif d'artistes Montréalais, voilà peut-être un nouveau projet pour MU qui interviendra positivement sur l'image souvent dégradée des villes?
Pour le moment, MU travaille sur des projets tel qu'une murale issue d'un partenariat avec l'Office municipal de l'habitation de Montréal dans un parc immobilier d'habitations à loyer modique. Un des ces projets en 2009 sera la création de plusieurs murales aux Habitations Jeanne-Mance dans le centre-ville de Montréal.
Elizabeth-Ann Doyle possède une maîtrise en histoire de l'Université de Montréal. Elle a travaillé pendant plus de quinze ans au sein d'entreprises culturelles ; Place des Arts, Musée des beaux-arts de Montréal et Cirque du Soleil où elle a fait de la tournée partout à travers les Etats-Unis. Au cours de ces années, elle a développé une grande facilité à entretenir des relations avec le milieu gouvernemental, médiatique, communautaire ainsi qu'avec le secteur privé. Au Cirque du Soleil elle a notamment travaillé aux relations publiques. Comme l'explique le site Internet de MU, c'est " lors du passage du Cirque du Soleil à Philadelphie qu'elle a été mise en contact avec l'ampleur du phénomène de la peinture murale et son impact, autant pour la diffusion de l'art, que pour le développement économique et social de la ville ". Se référant au " Mural Arts Program " de Philadelphie, elle décide que " Montréal méritait un tel projet ".
Pour en savoir plus (1403 hits)