Nous habitons la planète bleue, la Terre, recouverte à
plus de 70 % d'océans et de mers. Depuis toujours, ces étendues d'eau
jouent un rôle important dans les cycles de vie et les humains ont su
tirer profit de ces immenses masses d'eau abritant, pensait-on, des
ressources marines inépuisables. Malheureusement, le diagnostic actuel
de notre milieu marin n'est pas des plus reluisants et force est de
constater qu'il crie au secours, tant au Québec que sur la scène
internationale. Une solution s'impose, la création d'aires marines
protégées.
Vous avez dit AMP?
On appelle aire marine protégée (AMP) ou zone marine protégée (ZMP) une zone ou majoritairement marine où des mesures particulières de gestion sont mises en oeuvre, dans un objectif de protection du milieu marin. Selon la catégorie de protection (il y a six catégories), la pêche peut y être pratiquée selon des normes respectant l'environnement et en conservant la biodiversité. Dans certains milieux plus fragiles cependant, la pêche peut être interdite. En mars 2009, le Québec franchissait la première étape de sa Stratégie québécoise sur les aires protégées. Ce sont 8 % du territoire qui étaient ainsi soustraits au développement industriel. Mais cette protection n'a touché que le milieu terrestre. Moins de 1 % du patrimoine marin québécois est protégé et aucune nouvelle AMP n'a été créée depuis plus de dix ans. Pourtant, le Québec est entouré d'eau avec 12 000 km de côtes. Les scientifiques s'entendent sur le fait que les AMP constituent des outils très efficaces pour protéger les océans contre ces menaces grandissantes. Plusieurs pays se sont engagés dans cette voie, parmi lesquels la Nouvelle- Zélande, l'Australie, la France et les États-Unis font figure de leaders. Au Sommet de la terre de Rio (1992) et au Sommet sur le développement durable de Johannesburg (2002), tous les pays se sont engagés dans une approche proactive de gestion des ressources marines : l'établissement de réseaux d'aires marines protégées. Maintenant, il est plus que temps pour le Canada et le Québec de conserver ce patrimoine naturel irremplaçable qu'est notre milieu marin.
De nombreuses menaces
Les exemples sont nombreux et facilement observables quant aux menaces qui pèsent sur nos écosystèmes aquatiques. La surpêche, entre autres, a provoqué la disparition des grands bancs de morues. Les dragues à pétoncles et le chalutage ont lourdement endommagé les habitats et les espèces de fonds marins québécois. Les rives du golfe du Saint-Laurent sont fortement érodées, notamment en raison de la diminution du couvert de glace. Et que dire de la pollution et de ses impacts sur notre faune marine. Les méthodes actuelles de gestion ne permettent pas une utilisation durable de nos ressources marines. Il est urgent de doter le Québec d'un véritable réseau d'aires marines protégées et de se donner les outils pour y parvenir. C'est dans cette optique que la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec, organise le tout premier Symposium sur les aires marines protégées du Québec auquel participeront de nombreux intervenants impliqués dans la protection du milieu marin.
Rimouski, Centre de la science marine québécoise
La renommée internationale de nos eaux, notamment en raison de la présence de plusieurs espèces de baleines et de nos paysages littoraux, justifie un changement de cap vers une meilleure protection du milieu marin. D'autant plus que dans un contexte de changements climatiques, nos écosystèmes marins sont soumis à de nombreuses pressions. Le temps de la concertation et de l'action est venu. Le symposium sur les aires marines protégées au Québec rassemblera chercheurs, communautés autochtones et locales, représentants gouvernementaux, environnementalistes et industriels afin de mettre en commun les connaissances et les expertises pour créer un réel réseau d'AMP québécois. En cette Année internationale de la biodiversité et suite à la Journée mondiale des océans (le 8 juin), il est plus que nécessaire d'établir ensemble un plan d'action et de protection pour ce que nous avons de plus précieux, notre Québec bleu.
Par Sophie Paradis
Coordonnatrice aux communications de la SNAP Québec
Mots-clés : aire marine protégée, biodiversité marine, eau, Rimouski, faune, flore, développement durable.
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