Le secteur québécois de la transformation alimentaire pourrait doubler le nombre actuel d’emplois en 10 ans, c’est-à-dire créer un peu plus de 60 000 emplois, si une stratégie efficace était mise en place par le gouvernement.
Sylvie Cloutier, présidente-directrice générale du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), affirme que cette importante création d’emplois serait possible en soutenant adéquatement les 1 600 entreprises du secteur agroalimentaire, dont près de 500 sont membres du Conseil.
Pour y arriver, le CTAQ a cosigné une demande de mise en œuvre d’une stratégie québécoise de l’agroalimentaire avec l’Union des producteurs agricoles (UPA), Desjardins, La Coop fédérée et la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval.
Blocage à Québec
On semble toutefois loin d’arriver à un plan d’envergure avec le gouvernement actuel. « Ça fait plusieurs années qu’on demande à être reconnus à la hauteur de notre importance », indique Mme Cloutier, qui ajoute que c’est cependant la première fois que le CTAQ se voit refuser une rencontre avec le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
Sylvie Cloutier fait valoir que l’Institut du Québec a pourtant souligné que le secteur agroalimentaire est le premier employeur manufacturier au Québec. « Le gouvernement doit absolument penser à investir dans son secteur agroalimentaire », soutient la PDG du CTAQ, qui précise que pour le moment il y a « zéro appui » et « pas du tout d’écoute » du gouvernement pour la mise en place de conditions qui favoriseraient la croissance.
Interrogé par Le Devoir sur sa prochaine stratégie à l’exportation, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust, indique d’ailleurs plusieurs secteurs avec lesquels il entend travailler (jeux vidéo, technologie de l’information, aéronautique, transport terrestre, construction, mines), mais ne fait aucune mention de l’agroalimentaire.
Sylvie Cloutier cite en exemple l’Ontario, qui dispose d’une stratégie agroalimentaire soutenue par son ministre de l’Agriculture et sa première ministre. « Mme Wynne apportera probablement le dossier au niveau fédéral », estime la représentante de l’industrie de la transformation alimentaire, en mentionnant que le lien privilégié entre les gouvernements Wynne et Trudeau devrait permettre à la première ministre ontarienne de prendre le « leadership » de ce dossier au niveau national.
Opportunités
Pour le moment, le CTAQ souligne que le Québec est en déficit commercial de plus de 6 G$ par année avec le reste du Canada. Il y aurait donc des « opportunités » sur le marché canadien. La signature de deux accords commerciaux majeurs avec l’Europe et l’Asie ouvrira par ailleurs les frontières pour des exportations agroalimentaires canadiennes et québécoises.
« On souhaite que le gouvernement, en cette période d’austérité, nous voie comme une solution et non pas comme un problème, et travaille avec l’industrie sur un plan pour le développement du secteur agroalimentaire québécois », conclut Sylvie Cloutier.
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