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Haïti / Environnement : Gonaïves patiente encore, un an après le passage du cyclone Jeanne



  • P-au-P., 18 sept. 05 [AlterPresse] --- La situation de la ville des Gonaïves, la cité de l’Indépendance nationale, 4 e ville du pays, à 171 kilomètres au nord de la capitale haïtienne, est toujours catastrophique, un an après les inondations meurtrières causées par la tempête tropicale Jeanne, a constaté l’agence en ligne AlterPresse lors d’une visite spéciale avec la branche nationale du Programme Alimentaire Mondial (PAM) le mardi 13 septembre 2005.

    Le lot quotidien des Gonaïviennes et Gonaïviens se résume à la poussière, aux détritus jonchant les rues, à la misère et à la faim. La vie des gens ordinaires est très difficile.

    « Je vis dans des conditions difficiles. J’ai perdu tout mon commerce et je mange parfois grâce à l’aide humanitaire donnée par le PAM », a confié une dame âgée de 58 ans, ajoutant ne disposer de rien depuis le passage de Jeanne.

    Sur le plan écologique, la ville présente un visage très hideux. Les mornes sont plus déboisés que jamais. Le drainage de la ville n’est pas encore opérationnel. Le problème d’assainissement est très criant.. Les paysans continuent à couper les arbres, suivant les témoignages recueillis sur place par AlterPresse..

    Sur la route de l’Estère, au sud des Gonaïves, des centaines de sacs de charbon de bois, utilisé comme combustible par plusieurs familles, sont visibles.

    Dans la localité de Latendrie (lòt Bò Kannal, nord des Gonaïves), les habitants ont construit eux-mêmes des abris très précaires avec des morceaux de planches et du carton. Dans cette zone, les eaux en furie de septembre 2004 avaient emporté la moitié des maisons.

    Aujourd’hui surnommée cité Jeanne, cette localité offre une image de désolation. La majorité des enfants de ce quartier ne vont pas à l’école, tandis que les établissements scolaires fonctionnent normalement au centre de la ville des Gonaïves, d’après ce qu’a observé AlterPresse.

    « J’ai 4 enfants, je n’ai ni travail, ni argent pour les envoyer à l’école. Imaginez que le premier, qui a 10 ans, n’a encore fréquenté aucune école », a déploré une habitante.

    Les bassins de sels n’existent plus dans cette zone. Ils ont été détruis par la tempête tropicale Jeanne. Rien n’a été fait pour aider les exploitants à les réaménager, ont déclaré les habitants.

    L’Etat haïtien n’a pas encore honoré sa promesse de délivrer gratuitement des pièces d’identité.

    « Nous devons verser 250 gourdes pour avoir seulement l’acte de naissance », a fait savoir un habitant.

    Les seules images positives que projette la ville des Gonaïves, ce sont des gens en train de nettoyer les canaux d’écoulement des eaux usées de la cité, grâce à des actions conduites par des organisations non gouvernementales (ONG) oeuvrant sur le terrain.

    L’Etat semble pratiquement absent. Les engins lourds du ministère des Travaux Publics, Transports et Communications ne sont pas remarqués dans les environs de la ville, où les travaux de curage se font seulement à la pelle. La branche en Haïti du PAM a mis fin, le 13 septembre 2005, à son programme d’assistance aux victimes des inondations de 2004.

    2,720 morts et disparus, ainsi que 300, 000 sinistrés : c’était le bilan officiel des inondations du 18 septembre 2005 aux Gonaïves, suivant les estimations du bureau de la Protection civile en Haïti. [jj rc apr 18/09/2005 1:00]
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