Allemagne : pleins feux sur les actions solaires.
En dépit de leurs récentes baisses, qualifiées de corrections par les analystes, les actions des entreprises allemandes actives dans l'énergie solaire continuent de briller de tous leurs feux à la bourse de Francfort.Leurs cours affichent des performances spectaculaires qui ne sont pas sans rappeler celles de la bulle internet. Mais à l'inverse des entreprises"virtuelles", leurs consoeurs"solaires"dégagent déjà des bénéfices, affichent des plans de financement réalistes et bénéficient d'un cadre législatif permettant sécurité financière et investissement sur le long terme.
Les cinq"actions solaires", comme elles sont dénommées à Francfort, représentent 22% de l'indice Tecdax sur lequel elles sont cotées. L'indice est jeune - il a remplacé le défunt Neuer Markt - et il est principalement destiné aux PME technologiques. Solarworld, l'action superstar de l'indice, représente à elle seule 11% du Tecdax. De fait, les performances de ces actions solaires offrent de grandes similitudes avec les valeurs internet : en trois ans, l'action Solarworld est passé de 0,50 euros à 70 euros, avec des volumes d'échanges se chiffrant à plusieurs millions d'euros. Les introductions en bourse suscitent également beaucoup d'intérêt, de la part des particuliers comme des professionnels, qu'ils soient allemands ou anglo-saxons. A titre d'exemple, lors de son introduction en bourse en mars 2005, la demande de l'action Conenergy fut 29 fois supérieure à l'offre.
Le législatif à la base du succès
Pour Jürgen Röttger, journaliste à ecoreporter, spécialisé dans le domaine des énergies renouvelables, ce n'est pas tant la hausse du prix du pétrole qui explique le succès des actions solaires, mais bien plus la loi promulguée en 2000 par le gouvernement allemand. La loi sur les énergies renouvelables, la Erneuerbare-Energien-Gesetz (EEG), fixe la hauteur de l'achat d'électricité provenant des nouvelles énergies ainsi que le montant de la rémunération par les grands distributeurs d'énergie. La rémunération versée aux producteurs d'énergie renouvelable varie en fonction de la source d'énergie (éolienne, solaire, biomasse,etc...) mais la somme, une fois fixée, reste toujours la même.
Pour illustrer l'impact que la loi sur les énergies renouvelables a pu avoir, Jürgen Röttger cite l'exemple de l'entreprise Conenergy. Avant la promulgation de la loi en 2000, Conenergy, créée en 1998, n'était l'entreprise que d'un seul homme. Elle compte aujourd'hui plus de 450 salariés et son chiffre d'affaire a atteint 285 millions d'euros en 2004."Ces entreprises engendrent déjà des bénéfices mais elles sont encore dépendantes de la loi. Les professionnels estiment que la branche deviendra véritablement indépendante d'ici huit à dix ans,"observe le journaliste."Cette loi a permis et permet encore aux entreprises dans les énergies renouvelables de faire des investissements sur le long terme car elle leur garantit une rémunération fixe, et par là même une sécurité financière. C'est vrai pour le secteur des énergies renouvelables, en particulier pour l'énergie solaire qui demande une technologie de pointe et donc des investissements conséquents,"ajoute-t-il.
200 milliards d'euros d'investissement d'ici 2020
Si le secteur solaire fait la joie des investisseurs, il met également du baume au c?ur du gouvernement allemand, qui doit faire face à un marché du travail des plus déprimés. Alors que le nombre des licenciements fait partie de la lecture quotidienne des journaux, le secteur de l'énergie solaire, lui, est créateur d'emplois. Carsten Körnig, porte-parole de la Bundesverband Solarwirtschaft, indique dans un communiqué que l'industrie solaire allemande prévoit de créer près de 5000 nouveaux emplois, portant le nombre de salariés actifs dans le secteur à 50000 soit 10000 salariés de plus que l'année précédente. L'organisation prévoit par ailleurs une augmentation du chiffre d'affaire de 10% pour atteindre quatre milliards d'euros, précisant que la part des exportations représente actuellement 30% du chiffre d'affaire total.
Lors du changement de gouvernement, l'incertitude régnait quant à la pérennité de la loi sur les énergies renouvelables, incertitudes qui se reflétaient dans les cours de la bourse. Mais l'argument de l'emploi a fait que le gouvernement actuel -réunissant conservateurs, plutôt favorables à l'énergie atomique, et sociaux-démocrates dans une"grande coalition"- a conservé cette loi. Elle doit être actualisée en 2007, mais peu de changements sont attendus. Mieux, politiques, industriels et parties prenantes discutent actuellement de la meilleure façon de conserver l'avance technologique allemande.
Ainsi, début avril, tous les acteurs du secteur de l'énergie, ONG environnementales, représentants de l'industrie énergétique traditionnelle ou des nouvelles énergies, ont été invités à une table ronde avec la chancelière allemande, Angela Merkel. Il en est ressorti que les industriels de l'énergie vont investir 200 milliards d'euros d'ici 2020 dans les énergies renouvelables à condition que le gouvernement continue de soutenir le secteur.
"Toutes les entreprises profitent du développement des nouvelles énergies, de la petite PME aux entreprises les plus grandes,"note Jürgen Röttger."La technologie solaire se trouve encore dans une phase de développement, mais en Allemagne elle se trouve en effet en avance par rapport aux autres pays. Le pays peut mettre en avant sa longue expérience dans le domaine des nouvelles technologies ainsi que le nombre de spécialistes - ce qui est avantageux pour l'avenir."
Source : Novethic.
http://www.novethic.fr/novethic/sit...
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