Femmes et Sciences
Cinq chercheuses émérites venant de cinq continents ont été récompensées le 22 février pour la qualité exceptionnelle de leurs travaux de recherche.
Lancé par L’ORÉAL et l’UNESCO en 1998, ce programme pionnier vise à soutenir les femmes de science, à encourager les progrès de la connaissance et à améliorer le développement des sociétés à l’échelle mondiale.
Ce soutien s’avère indispensable sur la scène scientifique où les femmes occupent une place mineure. Elles ne représentent que 27% des chercheurs dans le monde, selon une étude réalisée en 2006 par l’UNESCO qui relève des disparités considérables d’un continent à un autre : 46 % en Amérique du Sud, 29% en Afrique, 15 % en Asie. Pour l’Europe, la Commission européenne a recensé 32% de femmes dans les laboratoires publics et 18 % seulement dans les laboratoires privés. L’Office statistique des communautés européennes (Eurostat) a annoncé dans son rapport She Figures 2006 que les femmes représentent plus de la moitié des ressources humaines dans le champ scientifique, mais que seulement 29% sont ingénieurs et chercheurs. Quant aux « lauriers scientifiques », ils sont rarement attribués aux femmes. Par exemple, seulement une douzaine de noms de femmes figurent parmi les quelque 516 prix Nobel de sciences.
Au problème de sous-représentation s’ajoute celui de la crise de vocation. Selon le rapport de l’OCDE Encouraging young girls in Science and Technology Fields (2006), entre 1993 et 2003 le nombre de doctorants en sciences et technologies a diminué de plus de 2% par an aux Etats-Unis et au Canada. La déperdition d’effectifs est encore plus prononcée en France où le nombre de doctorants a diminué de plus de 4% par an au cours de la même période. Ce phénomène touche en particulier les filles : elles représentent 45% des effectifs en terminale scientifique et seulement 25% dans les écoles d’ingénieurs. « Les filles ont tendance à sous-évaluer leurs propres performances et leur aptitude à entreprendre des études en Sciences techniques », dit le rapport.
Le programme « Pour les Femmes et la Science » a soutenu à ce jour plus de 350 chercheuses à travers le monde : 47 scientifiques confirmées, originaires de 21 pays, se sont vues attribuer le Prix L’ORÉAL-UNESCO ; plus de 100 post-doctorantes ont obtenu des bourses internationales UNESCO-L’ORÉAL et plus de 200 jeunes chercheuses ont préparé leurs thèses de doctorat avec l’aide des bourses nationales L’ORÉAL.
Le Prix L’ORÉAL-UNESCO, doté de 100 000 dollars est attribué chaque année à cinq chercheuses émérites (une par continent) en reconnaissance de leur contribution au progrès de la science. Chaque année, les candidates sont proposées par un réseau international de près de 2 000 membres de la communauté scientifique. Les lauréates sont sélectionnées par deux jurys alternant d’une année sur l’autre : un jury de sciences de la vie présidé par le prix Nobel de médecine Gunter Blobel et un jury de sciences de la matière présidé par le prix Nobel de physique Pierre-Gilles de Gennes. Ce dernier a présidé le jury de cette année.
Les bourses internationales UNESCO- L’ORÉAL sont attribuées chaque année à 15 jeunes post-doctorantes qui souhaitent prolonger leurs travaux à l’étranger. Créées en 2000, ces bourses visent à renforcer la coopération scientifique internationale et les liens interculturels. Le montant et la durée des bourses ont été doublés en 2006 et représentent un maximum de 40 000 dollars sur deux ans.
Les bourses nationales L’ORÉAL, soutenues par les Commissions nationales pour l’UNESCO, récompensent généralement des étudiantes en thèse. Ces programmes nationaux devraient s’étendre à plus de 50 pays avant la fin de 2008.
Le partenariat L’ORÉAL-UNESCO continue de se développer en vue de combattre les discriminations. A partir de cette année, il soutiendra de nouvelles actions de sensibilisation des jeunes dans les écoles et les universités à travers le monde, initiées par plusieurs lauréates et membres des jurys.
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