Femmes malgaches en politique : un mouvement en route !
Les 3 et 4 mai 2007, l’organisation Prometing Credible Elections and Democratic Governance in Africa (EISA) avec le soutien de l’Ambassade de Norvège à Madagascar a organisé à Antananarivo à Madagascar un séminaire sur le thème « L’égalité de genre dans le processus démocratique et les institutions à Madagascar et dans la région de la SADC : succès et défis ». Une soixantaine de femmes et hommes issus des associations de femmes, d’organismes oeuvrant pour le genre, de partis politiques et des instances étatiques ont participé à cette rencontre qui s’est proposée d’offrir cette plate-forme d’échanges d’idées et d’expériences, de dresser un état des lieux de la participation et de la contribution des femmes dans la vie publique et politique de Madagascar. L’objectif principal était d’encourager les femmes malgaches de tous les bords à s’engager et à jouer un rôle significatif dans la vie politique du pays.
Cette initiative entre dans un programme de renforcement de capacité des femmes pour leur participation effective dans le processus de prise de décision. L’objectif principal étant de contribuer à l’élévation du nombre des femmes participant dans les structures politiques, gouvernementales et électives. Il faut rappeler que la société malgache assigne à la femme, outre la soumission à l’homme et son rôle de reproductrice, d’autres rôles dont ceux de parent, d’épouse, de domestique, d’aide communautaire, rôles qui ne lui permettent pas toujours de se valoriser ou de s’affirmer et ainsi prendre pleinement sa véritable place. Aussi, pendant très longtemps, les femmes étaient principalement perçues comme « bénéficiaires » passives du développement et non des « actrices » à part entière. Leur participation dans les processus décisionnels, notamment politiques et dans les affaires publiques, est alors encore très limitée.
Et puis depuis une dizaine d’années, l’on a assisté à un sursaut des femmes. Elles ont pris conscience que leur rôle politique, leurs rapports avec le pouvoir, leur participation aux prises de décision sont stratégiques. L’idée de parvenir à une équité entre les genres n’était plus considérée uniquement comme un but en soi, mais également comme un important préalable du développement humain global et durable.
Vers la parité
Suite à ce séminaire deux actions ont été mises en œuvre :
1- Dans le cadre d’un programme de renforcement de capacités des femmes en politique à Madagascar, des ateliers de formation de femmes volontaires, en leadership et stratégie de candidature aux élections ont été organisés en vue de leur candidature dans les différentes élections qui se sont tenues (législatives, municipales en 2007) et qui vont avoir lieu (régionales et sénatoriales en 2008).
2- La création d’un mouvement des femmes malgaches en politique.
La première action a déjà porté ses fruits puisque plusieurs femmes qui ont bénéficié d’une formation se sont portées candidates aux législatives dont trois ont été élues. Le mouvement des femmes malgache en politique, bien qu’informel, s’est structuré avec la mise en place d’un comité de pilotage qui a élaboré un plan d’action stratégique. En vue de la prochaine élection sénatoriale et des conseils régionaux, le mouvement a écrit une lettre au Président de la République pour que celui-ci nomme au moins 30% de femme du quota (qui lui revient 1/3 des nombres du Sénat).
Ce mouvement fait penser au Forum des Femmes de Deauville (du 11 au 13 octobre 2007). Un renouveau du « féminisme » est en marche et irréversible. Comme le disait une des intervenante du Forum des Femmes de Deauville, un « féminisme solidaire et affectueux » qui vise davantage l’harmonie et les échanges sur une possible contribution commune dans le pouvoir. La question de parité, de quota dans les postes de décisions politiques, n’est plus tabou. Cela est un pas de géant que ce mouvement de femmes en politique tient à exploiter au maximum et à en tirer partie pour que la citoyenneté des femmes devienne une réalité vécue. Citoyenneté étant définie comme le fait d’être membre d’une collectivité, ayant la possibilité de participer sans entraves à la prise de décision au niveau social, économique, culturel et politique ; le fait d’accéder équitablement aux ressources (terre, eau, crédit…) et aux biens et services de base (santé, éducation…).
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