par Yveline Nicolas, Adequarions/Genre en Action
La 3e Conférence internationale pour le financement du développement s’est tenue du 3 au 16 juillet 2015 à Addis-Abeba. Il s’agissait d’une étape essentielle en vue des échéances du processus de l’après 2015 : le sommet des Nations unies en septembre sur les Objectifs de développement durable et les négociations climatiques à Paris en décembre. Mais, selon de nombreuses organisations de la société civile, la déclaration d’Addis-Abeba constitue un recul par rapport aux engagements des deux précédentes conférences sur le financement du développement (Monterrey et Doha). En particulier, la création d’un organisme international de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale souhaité par les pays en développement, n’a pas été décidée.
On trouvera ci-dessous le Programme d’action (Addis Ababa Action Agenda) adopté par la Conférence, suivi d’analyses et de points de vue.
Seuls quelques passages concernent l’autonomisation des femmes et l’égalité femmes-hommes.
Le résultat de la Conférence, en bref
D’une manière générale, le Programme d’action d’Addis-Abeba (PAAA) constitue plutôt un recul par rapport aux engagements des deux précédentes conférences sur le financement du développement (Monterrey en 2002 et Doha en 2008). Les pays ont réaffirmé leur engagement datant de... quarante ans sur les 0,7 % du produit national brut consacré à l’aide au développement - et de 0,15 à 0,20 % pour les pays les moins avancés - mais sans donner de calendrier pour la réalisation. Actuellement la moyenne mondiale de l’APD ne dépasse pas 3 % du PIB.
La demande centrale des pays en développement, la création d’un organisme international de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale (les fuites de capitaux et transferts illégaux de bénéfices d’entreprises vers les paradis fiscaux coûteraient 100 milliards de dollars aux pays en développement) n’a pas été décidée. L’enjeu était que les mécanismes fiscaux internationaux soient discutés sous l’égide de l’ONU et non plus de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) ou du G20 qui regroupent les pays riches et où les pays du Sud n’ont pas de capacités décisionnelles. Le rôle du comité d’experts des Nations unies sur la fiscalité sera néanmoins renforcé.
Parmi les points nouveaux : l’établissement d’un mécanisme de facilitation lors du Sommet de l’ONU sur le développement durable en septembre 2015 pour renforcer la collaboration entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé, la communauté scientifique, et les autres parties prenantes, pour soutenir les objectifs de développement durable ; la création d’un Forum mondial sur les infrastructures pour identifier et réduire les manques d’infrastructures et contribuer à assurer des projets viables environnementalement, socialement et économiquement.
Même si l’élimination progressive des subventions aux carburants fossiles est mentionnée, on voit mal comment ce Programme d’action va contribuer au financement de la mise en oeuvre des futurs objectifs de développement durable qui doivent être adoptés par l’ONU en septembre et favoriser une cohérence globale des politiques économiques, financières, de développement, en l’absence de perspectives de réforme du système et des institutions actuelles et avec une telle réaffirmation du rôle du secteur privé, des partenariats public-privé (PPP) et autres « blending » (montages financiers mélangeant fonds publics et privés).
Le Programme d’Addis Abeba intègre la question climatique, mais sans additionnalité des financements pour le climat et des financements pour le développement, ce qui constitue un risque pour l’APD.
Les 193 pays réaffirment l’importance de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et engage à l’augmentation des ressources de l’aide publique au développement allouées aux femmes, un soutien accru aux institutions de promotion de l’autonomisation des femmes, la budgétisation sensible au genre...
Une Conférence internationale de suivi de la Conférence d’Addis Abeba devrait avoir lieu en 2019.
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