L’écoféminisme est un néologisme forgé en 1974 par la féministe Françoise d’Eaubonne, qui met en relation trois types de domination : sur les femmes, sur la nature et sur le Sud. Ce courant est un mouvement d’actions avant d’être un mouvement de pensée. Il se déploie sous de multiples formes selon les pays et pose problème quant à sa définition exact. Mais ce qui est souvent revendiqué chez les écoféministes est que leur lutte écologique est menée au nom de valeurs « féminines ». Pour comprendre cela, il convient de se référer au concept en anglais du « care » qui renvoie à une vision holistique du fait de « prendre soin, soigner, se soucier de » : les femmes sont considérées avoir une sensibilité particulière envers le bien-être de l’autre et dans ce contexte, envers le bien-être de la nature. Toutefois, cette définition essentialiste de la femme écologiste convient bien aux féministes traditionnelles mais est très discutée par les féministes de quatrième génération qui revendiquent plutôt la sortie des femmes du monde marchand pour avoir plus de temps libre au profit d’un mode de vie écologique.
Quant à sa vision des enjeux actuels qui conjuguent femme et écologie, l’écoféminisme fait un rapprochement entre la domination de l’homme sur la femme et l’homme sur la nature. Autrement dit, qui dit mainmise techno-industrielle sur les semences dit mainmise sur la fertilité des femmes. Ainsi, le corps de la femme est associé à la terre, utérus naturel fécondé de nombreuses cultures. De plus, cette domination du mâle sur la femelle est souvent élargie à la domination du Nord sur le Sud en matière de prédation économique des ressources naturelles des pays en développement. Les écoféministes reprochent aux mouvements écologistes d’être trop abstraits et universels et d’échouer à montrer les ressorts socio-économiques de domination au cœur du militantisme écologique.
Curieux est de voir que beaucoup de militantes écoféministes sont au Sud car la lutte écologique, s’avère dans leur cas, une question de survie : les femmes rurales par exemple, expérimentent au quotidien, en chair et en os, la domination de l’homme sur elles et sur la terre. Et dans certains pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud, la terre est associée à une figure de femme ou de mère à l’image de la Pachamama (« terre mère ») en Bolivie. Cependant, le risque d’essentialiser la femme en voulant la rapprocher « par nature » de la nature plus que l’homme, pèse sur certaines écoféministes qui elles, souhaitent finir avec l’androcentrisme sans pour autant tomber sur la féminisation de l’écologisme. L’écologie n’est pas qu’un problème qui concerne les femmes mais l’ensemble de l’humanité.
Source : Sonya Faure, « Au Sud, la lutte écologique est une question de survie pour les femmes », Terra eco
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