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L'Agence internationale de l'énergie prévoit un avenir énergétique précaire et une hausse importante des émissions de GES à l'horizon 2030



  • Le rapport annuel de l'AIE,World Energy Outlook 2005, annonce que la demande énergétique mondiale va connaître une croissance de 50% d'ici 2030, 80% de cette augmentation étant assurée par le recours aux énergies fossiles. Cela entraînerait une augmentation de 52% des émissions de GES en 25 ans. La demande quotidienne en pétrole devrait atteindre 115 millions de barils par jour (mb/j) en 2030 (comparativement à environ 84 mb/j aujourd'hui), les ressources pétrolières et gazières du Moyen-Orient et du Nord de l'Afrique étant essentielle («critical») à l'assouvissement de la soif énergétique mondiale au cours des 25 prochaines années selon l'agence. Des investissements titanesques seront toutefois nécessaires afin de pouvoir augmenter la production de cette région, l'AIE estimant que 17 billions $US (17 000 000 000 000 $ de 2004) doivent être injectés d'ici 2030 afin d'augmenter la production énergétique vers un niveau pouvant répondre à la demande.

    Source : BBC/AIE L'AIE, une organisation regroupant les 26 principaux pays industrialisés, est souvent critiquée comme étant très conservatrice dans ses prévisions. Par exemple, le WEO 2005 prévoit dans son « scénario de référence » que le baril de pétrole se négociera à 35 $US en 2010 et atteindra seulement 39$US en 2030, pour un prix ajusté de 65$US. Le WEO 2004 prévoyait un baril à 29$US en 2030. Le baril se détaille aujourd'hui autour de 60$US, et le débat est vif à propos du prix futur de cette ressource. Alors que l'AIE prévoit une chute importante du prix du pétrole due à l'entrée en opération de nouvelles infrastructures d'exploration et de raffinage, d'autres experts soulignent quel'ère du pétrole bon marché est résolue.

    Le professeur Kenneth S. Deffeyes (Princeton) croit pour sa part que la production mondiale de pétrole atteindra son apogée au cours des cinq prochaines années, avant de commencer un irrémédiable déclin. Ce phénomène, appelé la crête de Hubbert (Hubbert's peak), avait été prédit pour la production américaine par King Hubbert : le professeur Hubbert avait prévu en 1956 que la production américaine culminerait au début des années 1970, ce qui s'avéra en 1971. Le professeur Deffeyes, dauphin de Hubbert, utilise les mêmes hypothèses dans son récent livre «Beyond Oil : The View from Hubbert's Peak» afin d'annoncer une dislocation entre la consommation et la production. Loin d'être un environnementaliste, Deffeyes a longtemps travaillé dans la prospection pétrolière en tant que géologue avant d'entamer une carrière universitaire. Deffeyes n'est pas le seul expert sonnant l'alarme à propos de l'imminence d'un choc pétrolier structurel : le principal choc pétrolier connu dans les années 1970 était attribuable à des décisions politiques des pays de l'OPEP d'atténuer l'offre tandis que le prochain choc serait beaucoup difficile à résorber puisque la solution ne résiderait pas dans des négociations politiques puisqu'il s'agirait d'une disjonction structurelle entre l'offre et la demande.

    Les experts comme Deffeyes ou Matthew Simmons, auteur de?Twilight in the Desert : The Coming Saudi Oil Shock and the World Economy?, ne sont pas les seuls às'inquiéter de la donne pétrolière. Outre le milieu financier qui s'intéresse de plus en plus à la question, un rapport du ministère français de l'économie, de l'industrie et de la finance, « L'industrie pétrolière en 2004 », prévoie la crête de la production mondiale pour 2013. Son homologue britannique, le Department of Trade and Industry, vient d'ailleurs d'annoncer quele gouvernement allait officiellement étudier la question.

    Source : The Economist
    L'AIE, qui base ses prédictions pour le moins optimistes à propos du prix du baril de pétrole sur une hausse très importante de la production au Moyen-Orient et dans le nord de l'Afrique, prévient par ailleurs que les habitudes énergétiques actuelles sont insoutenables. Le directeur exécutif de l'AIE Claude Mandil affirme que « ces tendances prévisionnelles ont d'importantes implications et mènent vers un avenir qui n'est pas durable. Nous devons changer ces résultats et mettre la planète sur la voie de l'énergie durable ». Selon l'agence, des mesures nationales pourraient être instaurées afin de diminuer la demande énergétique et ainsi affaiblir la pression sur l'offre.

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